Haiti Liberte
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Edition Electronique |
Vol. 10 • No. 26 •
Du 4 Jan au
10 Jan 2017 |
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Vol. 6 • No. 44 • Du 15 au 21 Mai 2013 |
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Martelly et Aristide : deux camps se précisent |
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Berthony Dupont |
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EDITORIAL |
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On a peine à croire que l’absence de grands desseins politiques pour notre société semble nous conduire à un bricolage de circonstance dépassant allègrement l’incohérence pour flirter avec l’absurde. Ainsi donc, deux situations illustrent parfaitement l’un des aspects les plus édifiants mais certainement pas les moins surprenants du problème auquel fait face le pays. D’une part, la manifestation du 8 mai des masses populaires en solidarité avec l’ex-président Aristide. D’autre part, le bouillon ou bamboche de propagande populaire mis en place par Martelly au Champ-de-Mars pour contrecarrer la résurgence lavalassienne dans un effort de justifier un semblant de popularité ou de susciter une certaine confiance au sein de la population à l’occasion de son second anniversaire de prestation de serment.<p>
Ce n’est pas le fruit du hasard si la réplique du 14 mai semble à s’y méprendre aux démonstrations d’antan des 22 mai duvaliéristes durant lesquelles les gens étaient arrachés à différents endroits, certains même payés puis parqués dans des camions comme du bétail pour venir acclamer ou applaudir contre leur gré un président fantoche, impopulaire et corrompu. N’est ce pas très significatif que Martelly, au cours de son adresse, pendant les festivités, ait demandé à la foule présente de crier : Martelly à vie ! En fait, c’est dire que les données n’ont pas changé sauf qu’elles ont plutôt empiré. Ainsi face à de telles bavures politiques, c’est avouer que malgré la misère croissante des masses, la bourgeoisie patripoche, hautaine, conquérante et irresponsable est loin d’être prête à désarmer.<p>
En réalité, c’est ce que voulaient ardemment les forces occupantes depuis leur manœuvre de faire rentrer Jean-Claude Duvalier dans le pays : mettre face à face le secteur macoutique duvaliériste allié à la bourgeoisie patripoche représentée par Martelly et Lamothe, des corrompus détenteurs du pouvoir et de l’argent, et le secteur populaire représenté par Lavalas lié aux masses populaires mais encadrées jusqu’à un certain point par plusieurs individus opportunistes cherchant encore leur voie.<p>
Martelly pourtant a, semble t-il, pris ses désirs pour des réalités. Il a poussé trop loin le cynisme à moins que ce ne soit de l’ignorance de sa part ; sinon il n’aurait pas pensé qu’avec une ambiance musicale, du «bouillon Vincent» et quelques milliers de gourdes, le peuple serait fin prêt à oublier sa souffrance au point de gagner les rangs du régime rose et blanc. Nous devons rappeler à Martelly que les temps ont changé et qu’on n’est plus dans les années 57 !<p>
Cependant comme par manque de conviction idéologique, les deux secteurs politiques, représentés par Martelly et Lavalas n’ont pas su mener une bataille d’idées claires bien définies. Ils se rabattent à partager une même stratégie ou vision politique, celle de se rendre aux élections. En fait c’est une campagne électorale qui commence sans élections ; et sur ce point donc, il n’y a pas réellement de divergences fondamentales entre ces deux secteurs.<p>
Mais, cette sourdine ne fait-elle pas l’affaire des puissances impérialistes qui occupent le pays ? Cette apparence de dynamique démocratique leur permet de bien gérer leurs menées et de fonctionner un peu mieux pour régner en maîtres. Vu qu’il n’y a pas pour le moment une lutte ouverte pour un vrai changement ; les forces en présence sont plus aptes à se réconcilier qu’à aiguiser leur contradiction.<p>
A ce compte, nous disons clairement au secteur progressiste, que la vérité historique est toute différente. De ce fait, il nous faut mettre fin à cette opposition artificielle. Si Martelly, en fêtant sa deuxième année au pouvoir, a pu même arriver à se vanter publiquement, énumérer ses principales «réalisations» qui ne sont que des mensonges flagrants et éhontés, c’est grâce au manque de consistance pour ne pas dire l’inconséquence du secteur progressiste dans la lutte pour un changement de cap. Il n’a jamais eu un agenda systématique mis en place pour contrecarrer ce gouvernement qui travaille contre le peuple. Martelly a même osé déclarer « qu'une personnalité qui avait passé 10 ans au pouvoir sans curer ses canaux ne peut aujourd'hui faire état de ses préoccupations en ce qui a trait à l'insécurité alimentaire ». De qui parle t-il ? De Préval ou d’Aristide. C’est Préval seul qui a réalisé 10 ans au pouvoir. C’est peut être son complice que Martelly est en train d’égratigner. Jusqu’à présents, tous les mensonges du pouvoir sont passés pour des vérités, faute de les contrecarrer par des arguments valables.<p>
Il nous faut rappeler à Martelly qu’Aristide n’a jamais fini aucun de ses mandats, qui ont été écourtés par des coups d’état sanglants dont il était l’un des acteurs de premier plan. Et ses mains sont encore maculées du sang du peuple.<p>
Il semblerait aussi que le secteur lavalas soit plus prêt à faire un potekole avec les ennemis des masses populaires qu’à s’identifier à la lutte présente tournant autour d’une question d’intérêts et de lutte de classes dans laquelle se reconnaissent les catégories pauvres marginalisées, hier comme aujourd’hui chauffées à blanc pour se battre à visière levée sous la bannière d’un leadership aux idées clairement exprimées.<p>
Le secteur progressiste doit être l’expression des intérêts des masses souffrantes, victimes et malades comme le pays de l’exploitation impérialiste en général, de l’enrichissement de certains cadres nationaux, en particulier, grâce à des moyens politiques. Il devrait donc par ce fait, lutter pour combattre l’ordre capitaliste des choses aux fins d’instaurer une société sans exploitation grâce à l’étape nécessaire d’une révolution démocratique et populaire.
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