Haiti Liberte
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Edition Electronique |
Vol. 10 • No. 26 •
Du 4 Jan au
10 Jan 2017 |
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Quand le football ne doit pas être un opium ! |
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Berthony Dupont |
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EDITORIAL |
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De toute évidence, il y a une réalité que la classe dominante n’a pas pu nier ni gommer hier comme aujourd’hui, en aucune circonstance. La réalité est que la situation de misère et de pauvreté qui prévaut dans le pays, en dépit de ses efforts pour la maquiller ou la masquer finira quand bien même par lui exploser un jour ou l’autre au visage.<p>
Le cas du Brésil à l’heure de la Coupe des Confédérations, à ce compte, est très significatif, lorsque de massifs soulèvements populaires ont mis à nu devant le monde entier les criantes inégalités sociales régnant dans la patrie du football.<p>
Les masses populaires des grandes villes du Brésil viennent illustrer, une fois de plus, par leur courage que ce sont les conditions sociales qui déterminent vraiment la pensée de l’être humain. Elles viennent de nous édifier que le football ne devrait pas être utilisé par les classes dominantes comme un opium politique. C’est la preuve d’un niveau de conscience de haute portée politique qu’à l’heure d’une compétition de si haute importance pour le gouvernement, la bourgeoisie et également pour les masses populaires, ces dernières arrivent à travers des manifestations réussies à tourner le dos aux apparences sportives, aux grandes fêtes de stades dans le but justement de montrer du doigt la politique néo-libérale, négative, perverse, qui a engendré grandement une crise structurelle qui n’a pas de nom. En toute logique, ces manifestations ouvrent les yeux au monde sur les angoisses que subissent les déshérités du sort tels que : les chômeurs, les laissés pour compte dans les secteurs de la santé, du transport, de l'éducation et surtout sur la corruption liée aux faramineux investissements pour la Coupe des Confédérations et le Mondial-2014 ; eux-mêmes une gifle pour le peuple brésilien, du fait que du point de vue social, ces catégories humaines vivent comme dans un enfer.<p>
A dire vrai, les choses ne sont pas aussi alléchantes au Brésil qu’on veut le faire croire, et même quand les brésiliens aiment le football et leur sélection nationale, par contre il est inadmissible pour ces défavorisés qu’on veuille faire ravaler leurs vrais problèmes à un niveau secondaire. Pour eux, le football ne doit plus être utilisé comme un outil par le gouvernement, comme ce fut en Afrique du Sud, lors du mondial 2010, avec des festivités qui cachèrent grandement la situation de crise que vivait le pays.<p>
Alors, tout comme au Brésil, le football est une passion sportive inégalée pour le peuple haïtien qui n’a jamais négocié, quand il doit être devant son téléviseur ou au stade pour savourer un match de foot. Ainsi, dans l’esprit de la participation du pays à la Coupe d’Or qui commencera cette semaine aux Etats-Unis, un marathon est lancé pour aider financièrement la sélection nationale. C’eût été un geste qu’on devrait applaudir, toutefois de façon critique. Car avant tout, il nous faudra demander des comptes. Pourquoi cette levée de fonds pour la sélection ? Ces personnalités qui ont à cœur d’entamer ce geste de générosité et de solidarité envers l’équipe nationale, est-ce que leur motivation tient du fait que le gouvernement haïtien ne peut pas répondre aux besoins des Grenadiers? Pourquoi n’y-a-t-il jamais eu un effort semblable à l’égard des victimes du choléra et ceux du tremblement de terre ?<p>
Au Brésil, certes, on critique l’investissement dans la construction des stades, à travers des dépenses folles dans le football, mais pour nous autres, en Haiti, qu’ont fait Martelly et Lamothe des fonds du pays pour ne pas aider convenablement l’équipe nationale de football ? Notre situation n’est pas différente de celle du Brésil, vu que des universitaires manifestent dans les rues pour protester contre une augmentation des frais d’inscription. Dans certaines administrations d’Etat, les employés ne sont pas payés depuis un laps de temps. Nos compatriotes qui vivent sous des tentes ou des endroits infrahumains comme à Canaan et dans d’autres bidonvilles du pays, sans oublier Cité Soleil, ces laissés pour compte de la société, ne méritent ils pas une certaine attention ? Parlons peu, mais parlons vrai, Martelly ne s’est t-il pas toujours plu qu’à gaspiller les fonds du pays pour ses voyages luxueux, agrémentés de juteux per diem. En plus, cette levée de fonds pour la sélection n’arrange en rien la réalité des nécessiteux au contraire elle la gangrène. Du fait, qu’à l’instar des dirigeants brésiliens, nous utilisons la puissance idéologique du spectacle et la fête du foot pour faire oublier leur problème aux démunis, aux défavorisés.<p>
Pour bien jouer, bien se divertir, il faut bien vivre. Au lieu d’entamer ce marathon, ce serait bien mieux de mettre le gouvernement au pied du mur sans lui donner la chance de jouer à l’innocent et à l’irresponsable comme le démontre bien la ministre des sports Magalie Racine, quand elle déclarait: « Il est vrai que je suis ministre des Sports, mais c'est la citoyenne qui est là et je supporte de tout coeur ce marathon ». Il faut entendre par là que la ministre n’engage pas son gouvernement. Mais quel est votre responsabilité dans tout cela, Mme Racine, c’est cela qui nous intéresse le plus ?<p>
Le rôle du citoyen ce n’est pas de couvrir la réalité ou bien de dédouaner le gouvernement, mais de le forcer à jouer sa participation en respectant ses responsabilités à l’égard du peuple et du pays.<p>
Déjà le gouvernement de Martelly Lamothe a failli à ses devoirs, il ne peut même pas nous donner des explications sur l’état financier de ses dépenses. Ne serait-ce pas mieux de dénoncer les conditions des footballeurs à l’instar des gens qui vivent dans la crasse dans le pays. Il n’y a pas de différence entre les conditions de vie des jeunes footballeurs et celles des étudiants, des ouvriers et des paysans. Les revendications populaires reflètent également celles des footballeurs. Ne sont-ils pas tous des victimes d’un système qui n’a aucun souci pour les masses populaires ? <p>
Ce marathon n’est autre qu’un divertissement, donc un détournement des masses pour cacher les vraies réalités du pays. Un jour viendra où le peuple uni, sans les naïfs, les complices, les apprentis sorciers et les traîtres à la solde des puissances étrangères, se mobilisera comme au Brésil, en Egypte pour prendre en main ses destinées.
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