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Vol. 7 • No. 23 • Du 18 au 24 Décembre 2013
De la ruelle Vaillant au 16 décembre 2013, quelle déception !
Berthony Dupont

 
 
EDITORIAL
La célébration du 23e anniversaire des élections du 16 décembre 1990, devrait être pour nous autres progressistes et surtout pour les masses populaires haïtiennes un moment de joie, de victoire et de fierté nationales, mais non pas un jour synonyme de deuil, d’abaissement et d’asservissement du pays. Ce fut un jour sans enthousiasme, sans espoir, d’une accalmie totale pour le régime fantoche des mercenaires Martelly- Lamothe. <p> Ce devrait être un moment de réflexion sur la situation politique et sociale du pays qui ne cesse de se détériorer où la vie pour les grandes masses reste une épreuve sans fin. Ce jour-là, le peuple devrait être en communion avec lui-même et avec ses leaders, ses ancêtres révolutionnaires pour porter la mobilisation vers une dynamique de changement fondamental tendant à renforcer la lutte populaire contre les ennemis de classe en vue de mener le combat de la libération nationale à bon port. <p> Mais, tel n’a pas été le cas. C’est la première fois qu’un 16 décembre n’a pas drainé de grandes foules dans les rues et que le régime barbare de Martelly n’a nullement été inquiété ni ébranlé. Pour le douloureux anniversaire de la ruelle Vaillant, et celui, glorieux, du 16 décembre 2013, non seulement on n’a pas vu toute la fougue et la force de dénonciation populaire dirigées contre le pouvoir, mais ce dernier ne s’est même pas soucié de déployer un lourd dispositif répressif de sécurité. <p> Par contre, lors de la commémoration du 17 octobre, du rendez-vous devant l’ambassade américaine le 29 novembre, et du 18 novembre lors de la visite de Dessalines à Pétion, pour exiger le départ de Martelly Lamothe, il y a eu énormément de manifestants dans les rues de la capitale et des provinces, des dizaines de milliers selon même des stations de radio peu suspectes d’être pro-lavalas. Curieusement, on a bien vu l’acharnement de la Police nationale à lancer du gaz lacrymogène, jusqu’à complètement briser les trois manifestations. Il faut se poser quelques questions : les masses sentent-elles, d’instinct, qu’un nouveau leadership porteur des revendications populaires est en train de naître ? Celui dont il faut suivre les consignes de mobilisation contre les oppresseurs : un régime odieux à abattre, soutenu du reste par l’ennemi impérialiste. <p> Au moment où le bilan gouvernemental est tragiquement un long et terrible cauchemar, toujours lié à la répression et à la terreur où le peuple haïtien est toujours malmené, maltraité et menacé dans le domaine des atteintes aux libertés et, particulièrement aux droits de l’homme les plus élémentaires, la commémoration du 16 décembre 90 aurait dû être une célébration nationale, politiquement accentuée sur les erreurs d’hier et, justement, sur toutes les embûches qui nous divisent et nous empêchent de continuer une lutte unie et organisée.<p> Si le peuple est resté indifférent aux festivités et aux manifestations célébrant le 16 décembre de cette année, il faudrait non seulement poser des questions aux organisateurs, mais également prendre note pour les corrections nécessaires à apporter par le seul vrai dirigeant de Fanmi Lavalas. De la ruelle Vaillant à ce 16 décembre 2013, n’est ce pas le signal d’un échec électoral ? D’un rejet des élections à venir par la population qui refuse de se laisser mener en bateau par certains partis et groupes politiques furieusement électoralistes. <p> N’est-ce pas un message clair du peuple pour signifier que les objectifs programmés ne répondent pas à ses réelles et actuelles revendications ? Et dès lors, n’y a-t-il pas là un problème à résoudre ? Est-ce que cela ne veut-il pas dire qu’il y a un manque de cohérence, de cohésion ou de leadership quelque part ? Car il est une réalité incontournable: seuls des leaders émergeant au sein de la lutte populaire sont habilités à le conduire.<p> Si nous voulons être honnêtes avec nous-mêmes, partons de l’analyse de classe de notre société qui est malade de l’exploitation impérialiste en général et de l’enrichissement des cadres nationaux, grâce à des moyens politiques frauduleux, et disons qu’il nous faut organiser et renforcer le nouveau leadership qui se dessine au sein des masses populaires.<p> Seul un mouvement national pareil à celui du 16 décembre 90 peut nous aider à galvaniser l’ardeur combative des masses afin de démasquer, condamner sans hésitation aucune, et sans exception aucune, tous ceux et toutes celles qui persistent à jeter de la poudre aux yeux du peuple pour le démobiliser.<p> Les peuples de l’Amérique Latine ont beaucoup appris de nos luttes, de nos réussites. En effet, le symbolisme du 16 décembre 1990, a gonflé les voiles progressistes, révolutionnaires et socialistes des Chavez, Morales, Correa, Mujica et d’autres, portés par des masses en foule qui ont voté leur leader contre ceux de l’oligarchie et de l’impérialisme. Mieux organisés que nous autres, ils avancent en continuant de s’imposer, alors que de notre côté, nous sommes aujourd’hui réduits à perdre presque cet idéal vivant de résistance, d’unité anti-impérialiste et anti-macoute et de victoire potentielle.<p> Comment a-t-on pu en arriver là ? Les hypothèses pourraient être nombreuses ; mais l’une d’entre elles se retrouve dans l’absence d’un outil politique solidement structuré et relativement homogène, capable de mobiliser l’ensemble de la population. Un mouvement d’unité populaire refusant également que la résignation et le désespoir s’installent dans le pays. <p> Ainsi donc, le temps est venu de comprendre que la lutte du peuple ne doit pas consister en des menées vouées à l’échec, en adoptant bien souvent des attitudes politiques circonstanciées. Depuis 1806, le peuple haïtien subit les épreuves les plus diverses. Il a survécu à plus d’un complot, à plus d’une trahison et de coups d’État. Aujourd’hui, plus que jamais, certains des enfants du pays ont décidé de poursuivre la lutte sur une base d’autonomie de décision, pour leur indépendance, leur souveraineté, rejetant toute tutelle d’où qu’elle vienne et qu’elle quelle soit.
 
 
 
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