Haiti Liberte
Member Log in |
|
|
Edition Electronique |
Vol. 10 • No. 26 • Du 4 Jan au
10 Jan 2017 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Vol. 7 • No. 46 • du 28 mai au 2 juin 2014 |
Des menottes aux poignets de la mobilisation anti-Martelly ! |
Berthony Dupont |
|
|
EDITORIAL |
Lorsque nous considérons l’avenir de la lutte politique dans notre pays, nous ne l’observons pas avec un regard neutre, détaché et distant. Nous le faisons dans une perspective de lutte de classes, en tant que militants progressistes qui veulent changer le cours des choses, qui luttent de façon conséquente avec comme seule boussole la prise en charge des masses populaires haïtiennes par elles-mêmes débouchant sur des lendemains meilleurs pour elles, et pour la Nation en général.<p>
La semaine dernière, la Coordination Dessalines (KOD) avait proposé une unité conjoncturelle de l’opposition face aux actes répressifs en cascade de Martelly-Lamothe. Leur démarche était d’utiliser l’emprisonnement illégal de Rony Timothée du FOPARK pour mettre à pied d’oeuvre une solidarité et un appel plaçant en symbiose les forces populaires dans le sens d’une unité dont les objectifs seraient conformes à l’aspiration des masses laborieuses à la liberté, au progrès, à la justice sociale, à l’indépendance, à la dignité et contre la dictature naissante duvaliériste qui vient de refaire surface. <p>
Cependant, jusqu'à présent, pas de réactions sérieuses des partis se déclarant opposés aux pratiques du régime, suite à l’arrestation du membre du FOPARK. Comment peut-on accepter que rien n’ait été fait dans ce sens, si ce n’est que des déclarations vaines, voire même des condamnations hypocrites? Des secteurs politiques ont plutôt préféré capitaliser sur la Fête des Mères, plutôt que de mobiliser les masses populaires, dont les mères, pour une cause noble à savoir combattre le régime pourri et corrompu de Martelly-Lamothe. <p>
La démarche de KOD que nous appuyons sans réserve est aussi la nôtre. C’est un acte de combat politique rationnel contre un gouvernement impopulaire, illégitime, autoritaire et sans respect pour la Constitution. L’emprisonnement de Timothée confirme que le gouvernement et ses alliés internationaux sont prêts à recourir à n’importe quel subterfuge pour survivre et imposer leurs quatre volontés. Par conséquent, au delà des intérêts de classe, il eût été important qu’une certaine unité se fît pour dénoncer la répression gouvernementale et demander la libération des détenus politiques. Et fondamentalement, c’est ainsi que les luttes populaires se développent ; que les grèves se multiplient et s’articulent ; que les manifestations de solidarité s’accentuent pour que les bases sociales d’une certaine opposition s’élargissent. Mais, en tout état de cause, notre classe politique opposée à Martelly ne l’a pas vu ainsi. La raison primordiale pour laquelle elle a négligé cette approche tient sans nulle doute au fait qu’elle s’accroche à l’éventualité vague et ambiguë des élections annoncées pour octobre. <p>
Il est un fait certain, qu’il y a trois courants déterminants dans la lutte contre le pouvoir. L’un qui réclame « élections ou démission », un autre partisan d’« élections crédibles et honnêtes » et le troisième exigeant le « départ de Martelly-Lamothe et des forces occupantes de la Minustah » purement et simplement. En ce qui nous concerne, nous croyons fermement que ce régime n’est pas qualifié pour conduire des élections sérieuses alors qu’il n’est même pas capable d’organiser un carnaval qui soit honnête et sans exclusion. <p>
Comme nous pouvons le constater, le mot élection est le dénominateur commun de deux des trois courants de l’opposition. Sans doute la mobilisation contre Martelly est en train de se voir menottée du fait que les sirènes électorales commencent à chanter à l’horizon. Pour minimiser la répression, du côté gouvernemental, on a même fait avancer la notion saugrenue que l’une des raisons pour lesquelles Rony Timothée a été arrêté, c’est parce qu’il est candidat à la députation. Et alors ? Cette façon de penser est une gifle au bon sens, un mépris de la population et une façon grotesque d’évacuer toute l’essence politique de l’emprisonnement de Timothée. <p>
En d’autres termes, ils se gardent de ne susciter aucun chambardement capable de créer des obstacles aux signaux électoralistes du pouvoir. En fait, les menottes ne sont pas réellement seulement aux bras de Rony Timothée, mais aussi aux poignets de la mobilisation pour le changement. Force est de constater que la situation du pays n’a jamais été aussi critique qu’elle l’est aujourd’hui ; malgré tout, certains partis refusent de déranger les plans et les complots de leurs patrons, puisqu’ils sont tous de la même école conservatrice et logés à la même enseigne politique obtuse d’élections sans vrais lendemains. <p>
Le cynisme de ces partis de droite, c’est de viser seulement et simplement à avoir leurs membres, soit au Parlement, à la Primature ou dans un quelconque ministère pour servir la réaction. Peu leur chaut la situation du pays, l’atroce de l’occupation, la perte de notre souveraineté, quelque vrai changement que ce soit au bénéfice du peuple. Ceci dit, il faut être sacrément naïf ou être des complices actifs du jeu du pouvoir pour se passionner à propos d’éventuelles élections libres, transparentes, inclusives et loyales sous la férule de Martelly et de Lamothe contrôlant l’appareil électoral. <p>
Ce n’est pas sans raison que l’impérialisme fait feu de tout bois pour organiser les élections. Ainsi, le jugement d’Amaral Duclonat en France, ainsi que les propagandes l’accompagnant rentrent dans la logique des puissances impérialistes pour nous faire accroire qu’Aristide avait ses propres gangs ; quand de fait, elles n’ont aucun problème avec les gangs et les narco trafiquants qu’elles ont placés au pouvoir. <p>
Pour nous autres ayant la même vision que KOD, ce n’est pas une affaire de job qui est en jeu, mais bien la quête d’un changement afin de créer une autre Haiti. Il s’agit d’entériner comme une chose irréversible une nouvelle perspective : parvenir à un approfondissement de la conscience de classe des masses. Ce qui nous importe le plus, c’est d’inculquer au peuple une mentalité tournée vers sa propre victoire et garante qu’une autre Haïti est possible ! <p>
Vu que les libertés ne s’octroient pas, mais qu’elles se prennent, toute forme de négociation avec le pouvoir sera vouée irrémédiablement à l’échec, tant qu’on ne sera pas conscient de la nécessité de ce changement qualitatif en profondeur de la conscience de classe des masses. Ce ne sont pas non plus les condamnations futiles et niaises qui feront reculer Martelly et ses complices impérialistes pour mettre fin à leur dessein macabre contre le pays. <p>
De tout cela, il ressort une certitude qui doit éclater finalement au grand jour : la victoire du peuple haïtien. La solidarité dans la lutte est la première condition de cette victoire. Voilà pourquoi, la Coordination Dessalines s’organise en ce sens avec la volonté vivante de lutter avec le plus de détermination possible pour la réalisation de cette nouvelle société, libérée de toutes formes d’exploitation et de répression. Nous du journal, nous y souscrivons pleinement.
|
|
|
|
|
|