Haiti Liberte
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Edition Electronique |
Vol. 10 • No. 26 • Du 4 Jan au
10 Jan 2017 |
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Vol. 8 • No. 20 • du 26 novembre au 2 décembre 201 |
Vers quels horizons? |
Berthony Dupont |
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EDITORIAL |
La situation continue de rester particulièrement trouble, scandaleusement anachronique dans le pays ; de sorte qu’il est extrêmement difficile de prévoir le dénouement de la crise politique en cours. On a l’impression d’assister à un match où les deux équipes, en l’occurrence le pouvoir et l’opposition, s’observent jaugeant de l’endurance ou de la pugnacité de l’adversaire. <p> Le 18 novembre dernier, le peuple en déclenchant l’«opération Burkina Faso» avait entamé un bon départ, poussant le gouvernement à recourir à la répression. Les forces occupantes savent qu’une répression continue a toutes les chances de radicaliser les forces populaires. Aussi, elles ont sorti une note de presse signée de Sandra Honoré pour mettre une sourdine à la fureur répressive policière. Depuis qu’elle dirige la Minustah, c’est la première fois qu’elle a pris une position semblant être dans l’intérêt du peuple ; alors que ce n’est pas la première fois qu’il y a des arrestations, des blessés et des morts durant les manifestations. <p> Quelle leçon tirer de la manœuvre de Mme Honoré ? Il nous faut redoubler de vigilance et rendre la mobilisation plus organisée, mieux structurée plus performante, en terme du message à apporter au peuple par les dirigeants des manifestations. Ce n’est pas suffisant que le peuple sorte dans les rues avec ses slogans et ses revendications. Il faut continuer à mettre plus de pression de rue sur le pouvoir et la Minustah de façon à forcer Martelly à démissionner. <p> Ce qui veut dire que les manifs doivent être programmées de façon à ce que les masses voient clairement quel profit politique elles auront à en tirer, une fois le pouvoir évincé. Cela veut dire aussi que les instances compétentes et légitimées par le peuple présentent une plateforme d’action coordonnée, qui dise l’essentiel de la direction que prendront les forces politiques démocratiques, nationalistes pour des changements véritables, concrets dans l’esprit des manifestants. <p> Certes, les manifestations doivent être pacifiques ; mais elles doivent être aussi actives, au sens où une concertation des divers éléments de l’opposition doit faire en sorte que les mobilisations soient soutenues et se fassent de plus en plus menaçantes pour le pouvoir ; par exemple en commençant par prendre des dispositions pacifiques qui inquiètent les milieux industriels et commerciaux. C’est à cette plateforme plus haut mentionnée qu’il incombe de prendre les dispositions appropriées. <p> La manifestation du 25 novembre bien que réussie en terme de foule devrait passer à une vitesse qualitative supérieure pour faire entendre aux manifestants un discours qui leur montre vers quels horizons politiques de changement s’engage la dynamique qui doit emporter le pouvoir. Les manifestants doivent pouvoir intérioriser le comment de ce coup de balai citoyen pour nettoyer le pays des malfrats au pouvoir et aussi comment les forces politiques en charge des manifs comptent gérer l’après-Martelly. <p> Pour y arriver, il faut que le leadership soit net et clair dans ses objectifs de changement pour rencontrer l’adhésion croissante des manifestants. L’obsession d’aller faire trois tours du palais national n’a rien de constructif en terme de ce que la plateforme veut offrir à la nation à titre de changement. Il suffirait d’avoir un point de rassemblement final avec un podium construit afin que les leaders du mouvement de masse viennent parler d’un seul langage et dire en quelques points précis comment ils vont gérer les attentes de la population. Mais malheureusement, personne ne peut dire jusqu’ici ce qu’est le message de l’opposition pour la gouvernance de demain, une gouvernance qui soit au profit de la majorité dans divers domaines tels la santé, l’éducation, l’agriculture, la résorption du chômage, de la corruption, de l’insécurité, etc. <p> Ce message s’il est clair et percutant embrassera le mécontentement populaire national et amènera plus de gens au processus de mobilisation soutenue. En vérité, le 25 novembre au Champ de Mars, ce message à la Nation a cruellement manqué. Il n’y avait pas ce discours pour dire aux masses où nous voulons les emmener et qu’elles ne peuvent plus rester indifférentes. C’est à nous de leur garantir que la mobilisation n’est ni un simulacre ni une farce ; mais qu’elle est tournée vers une perspective de façon à changer l’insupportable statu quo. Dès lors elles viendront de toutes parts renforcer la résistance. Les prochains rendez-vous avec le peuple doivent être plus convaincants, montrer au pays qu’un certain leadership d’union nationale a pris avec le peuple le cap du changement, d’une réorganisation de la nation. Il est temps que l’opposition prouve à la nation et au monde qu’elle s’est libérée de l’adolescence politique et qu’elle est prête à toutes les éventualités et que la nature même du régime actuel est un obstacle au bien-être de la nation, dans tous les sens. <p> Au delà des dossiers du passé, il importe surtout de préparer l’avenir. Au cas où nous ne parviendrions pas à le faire, la crise sera une fois de plus abandonnée aux mains des grandes puissances occidentales qui ne manqueront pas de la résoudre au mieux de leurs intérêts, fût-ce au prix d’un conflit ouvert dont les conséquences à tout point de vue, ne pourraient être qu’extrêmement graves pour le pays et le peuple en général.
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