Haiti Liberte
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Edition Electronique |
Vol. 10 • No. 26 • Du 4 Jan au
10 Jan 2017 |
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Vol. 8 • No. 30 • Du 4 au 10 Fevrier 2015 |
Liquidation de la résistance populaire par les capitulards ! |
Berthony Dupont |
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EDITORIAL |
Nous ne pouvons pas ignorer qu’un climat de résistance politique intense règne dans le pays contre le pouvoir en place. Il s’illustre par de vastes mobilisations populaires où les masses ne cessent de demander le départ des agents impériaux placés à la Haute Magistrature de l’Etat haïtien. Si des manifestations sont encore lancées pour les 4, 5 et 7 février prochain, est ce dans le but unique de remplir les rues ou bien de forger une stratégie pour combattre cet Etat de voyous, de corrupteurs et d’exploiteurs au service des multinationales ?<p> Ce pouvoir exploiteur vient de commettre l’ultime erreur de ne pas diminuer le prix du carburant qui est considérablement à la baisse dans le monde ; un acte qui a suscité une prise de conscience de toute une population et ressuscité les syndicats qu’on croyait inexistants dans le pays. Indignés, les syndicats avaient appelé à une grève générale pour forcer le gouvernement à fixer un nouveau prix pour le carburant. Pour la première grève contre ce gouvernement, elle a été respectée puisque le peuple était prêt à la tenir jusqu’au bout pour trouver satisfaction. Mais les syndicats n’ont pas su tenir tête aux négociations qu’ils ont entreprises avec un pouvoir manipulateur et corrupteur. Ils auraient dû refuser l’offre qui leur a été offerte, refuser cette humiliante pitance. Ont-ils été achetés ? Si oui, quelle honte ! <p> Il ne s’agit pas seulement de juger les syndicats pour leur naïveté et leurs limites politiques. La responsabilité de cet échec revient amplement aux partis politiques appelés à prendre le pouvoir, surtout ceux qui s’amusent à dire qu’ils luttent pour renverser ce régime. Pourquoi n’avoir pas exploité une telle aubaine : tenir le pays entier en grève. Si ces partis voulaient réellement le départ de Martelly, ils auraient renforcé les syndicats en les encadrant dans leurs revendications. « Si les dirigeants syndicaux, nous dit Rosa Luxemburg, devaient rester en marge du mouvement, ou même s'y opposer, leur attitude n'aurait qu'une seule conséquence : ils seraient laissés de côté par la vague des événements, et les luttes économiques ou politiques de la masse se poursuivraient sans eux ». <p> Propos qui dans la conjoncture présente s’adresse de façon opportune aux politiciens, aux partis politiques qui ont laissé les syndicats œuvrer seuls, comme l’indique la note de la table de concertation stipulant : « nous supportons les deux jours de grève », sans pour autant avoir la capacité et la vision politiques d’exploiter ce moment opportun pour mettre Martelly le dos au mur. Voilà comment nous sommes arrivés à cette entente de la honte qui exprime une certaine incohérence dans la lutte et l’absence d’une idéologie claire et conséquente de la part des organisateurs et des partis politiques restés sur la touche. <p> En vérité, à partir de ce faux pas, il faut se demander : est-ce que cette opposition qui regroupe le Mopod, Pitit Desalin et Fanmi Lavalas milite réellement de façon sincère pour le départ de Martelly ? Si oui, pourquoi n’a-t-elle pas profité de cette grève même quand les intérêts des syndicats n’étaient que financiers ? En somme, il n’y a aucune différence entre la lutte économique et la lutte politique. Au contraire, l’économie détermine la politique. Une grève de cette ampleur réclamait, exigeait la participation des syndicats autant que celle des partis politiques concernés. Y avait-il des rencontres préparatoires entre les représentants des syndicats et ceux des partis ? Si non, toutes les déclarations entendues ici et là n’étaient que de la démagogie politique pure. Cruelle ironie, certains membres de la direction de la grève sont des militants de partis. <p> Comme ils ont peut être autre chose en tête, ils ne peuvent même pas défendre leurs propres intérêts. C’est assurément du sous développement politique. En fait cela nous renvoie à demander si cette capitulation n’a pas été préméditée, compte tenu de l’absence de toute planification et synchronisation de la grève de la part de partis qui en majorité n’œuvrent que pour la réalisation des élections, au lieu d’enrayer la crise, de freiner l’inflation dont les répercussions sont énormes pour les faibles revenus incapables de faire face à la hausse incessante des produits de première nécessité. N’est ce pas la preuve par quatre que ces partis ne font simplement que de la propagande de pacotille pour vendre leur marchandise de candidat aux prochaines élections, de façon à continuer la même politique de Martelly au service des puissances capitalistes ? <p> Ce n’est point leur souci légitime le départ de Martelly. Prenons en compte par exemple les récentes déclarations de Fanmi Lavalas par l’entremise de deux de ses dirigeants, la coordonnatrice Maryse Narcisse et Louis Gérald Gilles au sujet du nouveau CEP : « Nous attendons de les voir à l’œuvre avant de faire un jugement objectif. Depuis 2013, nous avons demandé des élections libres, honnêtes, démocratiques et inclusives et récemment, dans une note de presse, nous avons renouvelé cette demande… » Pour couronner le tout, sur les ondes de Radio Magik 9, l’ancien sénateur Louis Gérald Gilles a indiqué « que le parti donne acte au président Martelly qui a accepté la logique de la formation du CEP selon l’esprit de l’article 289 de la Constitution. Fanmi Lavalas ira aux élections. On nous a exclus depuis 11 ans des élections de ce pays. Aujourd’hui, on est plus que jamais décidés et déterminés à aller aux élections que nous aurons à remporter. » De telles déclarations ne mettent pas du tout Martelly en question. Au contraire, elles le rassurent face aux revendications populaires qui demandent son départ. <p> Turneb Delpé, l’un des dirigeants du MOPOD pour sa part, n’a pas tout à fait dénoncé le nouveau CEP, mais il dit « attendre l’institution électorale au pied du mur. Le comportement de ce CEP déterminera s’il va rester ou pas. Et si le CEP montre qu’il veut organiser de bonnes élections, le président Martelly s’en ira et le CEP restera. Mais, dans le cas contraire, les deux s’en iront », a-t-il affirmé. Delpé et ses pareils disent des mots, encore des mots, toujours des mots, il y en a tant, il y en a même trop… <p> Pourtant les avocats André Michel et Newton Louis St-Juste ont dans une note de presse exprimé clairement une position plus combative « nous reconnaissons que certains membres de ce CEP jouissent d'une certaine crédibilité et honnêteté qui devraient rassurer la population dans une certaine mesure! Cependant, nous restons persuadés que la solution à la crise politique actuelle passe nécessairement par une grande mobilisation populaire pour obtenir la démission du président Martelly et la mise sur pied d' un gouvernement de transition avec la participation de tous les acteurs du pays en vue d' arriver à l'organisation d' élections crédibles à la fin de cette année. » <p> Certes, la lutte du peuple doit continuer ; mais le mouvement qui l’accompagne semble n’être pas encore prêt à montrer qu’il est à la hauteur de l’événement, sans doute parce qu’il est préoccupé par autre chose, par des gains personnels ? Qu’on sache que le peuple ne sera jamais vaincu. Aussi longtemps que le pays sera occupé et dominé par les forces impérialistes, le combat libérateur continuera !
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