Haiti Liberte
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Edition Electronique |
Vol. 10 • No. 26 • Du 4 Jan au
10 Jan 2017 |
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Vol. 8 • No. 15 • Du 22 au 28 Octobre 2014 |
Le symbolisme vivace de Dessalines a refait surface ! |
Berthony Dupont |
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EDITORIAL |
Il faut une fois encore se rendre à l’évidence que la pratique
de la conquête et de la domination coloniales est loin
d’être morte en Haiti puisque les puissances impérialistes,
jadis esclavagistes n’ont jamais renoncé à leur volonté de
façonner le peuple selon leurs critères et leurs intérêts. Ainsi,
dans les livres des frères de l’instruction chrétienne on nous
avait appris non pas à aimer nos ancêtres ; mais à les haïr,
les mépriser, vu qu’on les présentait comme des hors-la-loi,
particulièrement Jean Jacques Dessalines ; le fondateur de la
nation haïtienne ne fut-il pas pour eux autre chose qu’un
criminel, un bandit, un mangeur d’hommes, en un seul mot
un salaud.<p>
Cet homme d’une très grande valeur, cet éternel rebelle,
ce fondateur de nation a été catalogué en tant qu’un rejet
de la société civilisée. Et, juste après son assassinat le 17
octobre 1806, son nom a été banni dans le pays même qu’il
avait fondé. Et ce n’est qu’en 1845, qu’on commença à le
réhabiliter en commémorant son assassinat seulement par
une simple visite symbolique au Pont Rouge et une messe
de deuil en son honneur. Sauf que tout cela ne dérangea
nullement les classes dominantes nationales et internationales
dans la mesure où le peuple haïtien en général les
suivit à la lettre, scrupuleusement.<p>
En dépit de tout, la vérité finit par émerger. Le fardeau
que Dessalines portait depuis tantôt son assassinat était
certes lourd, bien lourd ; mais éventuellement on commença
à parler de lui, de sa vie, de ses prouesses révolutionnaires.
Cet homme qui a mis Haiti debout, a marqué le destin de la
nation haïtienne en l’amenant vers les plus nobles victoires.
Ce géant de l’histoire qui a placé l’humanité sur la voie de la
liberté ne pouvait à l’évidence, rester dans l’anonymat dans
lequel l’ont plongé ses pires adversaires de classe.<p>
C’est la souffrance quotidienne du peuple haïtien qui a
ressuscité ce symbole vivant de la résistance dans le combat
révolutionnaire qu’est Dessalines le Grand. Il a commencé
à refaire son apparition tout d’abord à travers des chansons
patriotiques, des poèmes, un certain théâtre populaire
et progressiste, des livres et voici qu’à présent, on est arrivé
même à célébrer son anniversaire de naissance, chaque
20 septembre. C’est véritablement faire renaître Dessalines
de ses cendres. Et maintenant il a gagné les grandes avenues
de la mobilisation, on le retrouve tout bonnement
dans les slogans du peuple manifestant pour la liberté, contre
l’occupation du pays par les forces armées impérialistes
sous couvert des Nations-unies, contre la misère et pour
un lendemain meilleur; ce qui veut dire, que le peuple s’est
identifié à lui et a fait de lui, à nouveau, son arme pour lutter
contre les forces du mal comme dans le passé ; ce que
les forces impérialistes et leurs valets locaux considèrent
comme une grave menace.<p>
Ce que les ennemis du peuple empêchent depuis 1806
est enfin arrivé : le symbolisme de Dessalines a crevé le
tympan d’une nuit d’oubli et le peuple se l’en est approprié
haut et fort. Certes, les ennemis de la liberté n’avaient jamais
voulu que le peuple haïtien s’identifiât à Dessalines ;
mais le voici aujourd’hui pris comme modèle, comme symbole
de dialogue, d’union : Desalin ap monte PétionVille
pour rencontrer Pétion et sceller un pacte de sauvetage de
la nation.<p>
Les ennemis de la dignité des masses ignoraient que
plus l’on opprime un peuple, plus il cherche sa route, ses
racines pour sortir du carcan d’oppression qui l’accable. Et
finalement, ce que les ennemis du peuple haïtien avaient
voulu éviter est arrivé : l’émergence de Dessalines comme
force et symbole. Les empires coloniaux et surtout leurs
valets locaux se sont sentis ébranlés que le peuple soumis à
l’arbitraire veuille se délivrer de siècles d’humiliations coloniales
et se dégager de l’emprise des nouveaux colons, les
puissances impérialistes, d’où la scandaleuse «carnavalisation
» musicale du 17 octobre 1806 par Martelly et les siens
pour contrecarrer l’émergence du symbolisme.
Engagé dans un combat sans merci pour s’affranchir de
la domination coloniale et de toutes les formes d’oppression,
le peuple haïtien a finalement opté de briser ce carcan qui
faisait obstacles à sa survie. Explicitement, il a fait de Dessalines
sa boussole, le phare éclairant, lui montrant la voie
dans une nuit d’abandon et d’oppression par les élites. Dans
ces conditions, le comportement réactionnel et réactionnaire
du gouvernement de Martelly-Lamothe le 17 octobre 2014
est clairement la résultante du fait que l’ennemi est acculé
par le symbolisme Dessalinien qui a refait surface pour ne
pas disparaître. Ce n’est pas sans raison que la commémoration
de l’assassinat de Dessalines n’a pas été bienvenue ni
en Haiti ni à Santo Domingo cette année ; deux sols qui ont
connu et connaissent encore l’esclavage, la répression, le
racisme et la domination impérialiste.<p>
Rien ne nous empêche plus de croire que le glas est
bel et bien sonné pour ces dirigeants grotesques qui n’ont
fait autre chose que reconduire le pays vers la débâcle de
l’esclavage et le peuple à la plus douloureuse misère. En
vérité, un pas important a été franchi dans la lutte du peuple
haïtien pour le changement. Le nom de Dessalines a
refait surface et le peuple avec persistance et acuité, sans
s’inquiéter, est désormais au centre de la bataille politique
nationale.
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