Haiti Liberte
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Edition Electronique |
Vol. 10 • No. 26 • Du 4 Jan au
10 Jan 2017 |
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Vol. 8 • No. 48 • Du 10 au 16 Juin 2015 |
La complexité de la lutte pour un changement démocratique |
Berthony Dupont |
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EDITORIAL |
La situation devient de plus en plus sombre dans le pays. Elle devient même tragique au sens le plus profond du terme, puisque les protagonistes de la tragédie politique en cours ne semblent plus en mesure d’arrêter la dynamique infernale des manigances combinardes impériales qui nous divisent pour mieux régner. Les tentacules des puissances impérialistes s’étendent et enserrent tous les secteurs, toutes les couches sociales sans exception; même au sein du pouvoir en place, où les amis d’hier désormais devenus des ennemis ne sont plus différents des secteurs se déclarant démocratiques, de sorte que les ennemis d’hier se recyclent à un rythme accéléré pour devenir préférables aux amis.<p>
Pour essayer de comprendre la problématique de la crise politique en cours qui continue de faire rage au pays ainsi que les obstacles au changement, certains éléments doivent être rappelés, précisés, et expliqués. <p>
L’une des questions qui se posent aujourd’hui est la suivante : y a-t-il encore des hommes (et des femmes) respectables dans notre pays ? On connait dans la mythologie de la Grèce antique l'histoire de Diogène parcourant tout Athènes avec à la main une lanterne allumée en plein midi, cherchant un homme, un représentant de l'espèce humaine, homme ou femme, un être humain, au sens véritable, digne de ce nom, celui que Alphonse de Lamartine a si éloquemment évoqué en écrivant : « l’homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux ». <p>
À bien regarder, n’y a-t-il pas une crise d’hommes et de femmes honnêtes, sérieux, crédibles, honorables dans le pays ? Vu que la mentalité qui y règne est celle de mercenaires, de zenglendo, de kidnappeurs, de trafiquants et de bandits de grand chemin. Dans toutes les couches sociales, il est difficile de faire confiance à quiconque, puisque les codes d’honneur n’y sont plus. Le propos politique n’est que mensonge pur. Seuls les coups bas, les intrigues et les ruses font la loi, bâtissant ainsi une cité où la crapule est roi. Comme l’a si bien souligné le professeur Hérold Toussaint : « Nous autres haïtiens, nous n’éprouvons plus la honte ». <p> Qu’ils soient militants ou simples personnalités politiques, ils n’ont plus de patience pour résister, pour tenir le coup, pour faire preuve d’honnêteté, de savoir-faire, sans faillir. Ils se laissent aller à agir n’importe comment, à faire n’importe quoi sans faire preuve d’aucune éthique ; l’essentiel pour eux, c’est de satisfaire leurs mesquins petits intérêts personnels, et, même, de renfoncer les intérêts des forces réactionnaires. On les reconnaît à leur volte-face éhonté juste pour s’exhiber, se faire paraitre soit comme candidats, soit comme grands «interprètes de la volonté populaire». Alors dans cette jungle dense d’intérêts malsains, chacun y va de sa cupidité pour se faire une réputation. Si on se donne la peine de mettre leur comportement en question, vite ils se retranchent derrière le paravent d’une fausse colère qui masque leur impudente honte. Parfois, leurs prises de positions sont à l’encontre même de leurs propres intérêts ; le sous-développement politique et la misère intellectuelle qui les rongent les empêchent de distinguer le bien du mal. «Et même le mal, ils le font mal». <p>
L’esprit de travailler en équipe dans la vision du Bois-Caïman se dissout dans un sauve-qui-peut général, sorte d’instrument de dissuasion pour décourager ou empêcher tout revirement susceptible de menacer sérieusement les intérêts vitaux des puissances tutrices. Le piteux phénomène des 70 candidats à la présidence dans un pays aussi appauvri que le nôtre est une des conséquences néfastes des divisions malsaines qui y règnent, et où l’homme haïtien actuel ne pense qu’à son seul être de sorte qu’après lui, c’est le néant. Il est évident que, mis à part les flagorneries, les platitudes et le fatras démagogique qui habitent leur esprit, tout le reste vient des influences de la domination impérialiste. <p>
Comment le pays profond peut-t-il espérer trouver une voie de sortie à travers ces contradictions, ces incohérences, et ces cascades de démission morale ? Dans ces conditions, le changement tant rêvé par certains ne sera pas pour demain. Il faut, comme Lénine l’a maintes fois souligné, une discipline « de fer », une honnêteté et une franchise sans faille dans les rapports entre des camarades, sans blòf, sans artifice. Il nous faudra, comme l’avait écrit le révolutionnaire Che Guevara, établir l’homme nouveau et avec lui, certainement, une mentalité nouvelle. Ce que nous avons présentement est, pour le moins, un militantisme proportionnel à la subvention donnée, ou, au pire, une plaie aggravée par la corruption et l’individualisme, deux chemins menant à la trahison des masses. Cependant malgré tout ce pénible constat, une chose reste certaine: Haïti ne mourra pas ! Elle ne restera pas ainsi, et même quand la lutte pour le changement apparaît complexe, elle aboutira d’une façon ou d’une autre à imposer le changement tant attendu auquel le peuple haïtien aspire depuis le parricide; et cela ne va être que la résultante d’un combat de toute la nation consciente de la décolonisation et de la libération totale. Et qui voudrait dire le contraire ? <p>
Ce combat ne saurait être réalisé sans passer par une étape cruciale qui reste néanmoins à préciser, à savoir le chantage des petits bourgeois réactionnaires et de certains éléments issus des quartiers populaires qui ne voient pas les limites inhérentes à faire pression et créer l’agitation en dehors de l’avancement dans l’ordre et la discipline. <p>
Comme l’avait fait Dessalines, dans la lutte pour l’indépendance contre les forces coloniales françaises avant de combattre l’ennemi principal en l’occurrence l’impérialisme esclavagiste français et son armée coloniale, il avait tout d’abord mené une lutte au sein même de sa classe de façon à trier l’ivraie des charlatans prêts à servir l’ennemi des vrais ouvriers de la révolution, du camp du changement véritable. <p>
Aucune lutte de libération ne peut être faite dans l’anarchie, mais bien dans l’organisation en respectant les principes. Tout ce qui est arrivé avec le pouvoir Martelly et les déboires de l’opposition, nous l’avions vu venir et dénoncé. Aussi, c’est dans cette optique que des citoyens du pays et de l’extérieur avaient pris la décision de créer la Coordination Dessalines (KOD) à Miami en 2012, laquelle plus tard s’est transformée en parti politique. Ce n’était nullement pour des objectifs électoralistes, mais bien pour résister et offrir une alternative conséquente. <p>
Sans grandes ressources, armée seulement d’expérience, de bonne foi, de conviction, et d’analyses basées sur la dynamique des luttes de classe, KOD continuera son engagement et son travail pour la libération du peuple haïtien.
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