Haiti Liberte
Member Log in |
|
|
Edition Electronique |
Vol. 10 • No. 26 • Du 4 Jan au
10 Jan 2017 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Vol. 9 • No. 42 Du 27 avril au 3 mai 2016 |
Les paris étant ouverts : quel va être le sort de Jocelerme Privert ? |
Berthony Dupont |
|
|
EDITORIAL |
La vie politique haïtienne n’a jamais cessé de connaitre de brusques accélérations qui ne vont pas pour autant sans déconcerter le pouvoir puisque les protagonistes de la lutte politique semblent ne plus être en mesure d’arrêter cette dynamique infernale née depuis la mascarade électorale de 2015. De sorte que l’accession du sénateur Jocelerme Privert à la Magistrature de l’Etat haïtien en complicité avec le Parlement passe pour être une manœuvre flagrante et depuis lors il magouille pour consolider le pouvoir en sa faveur ; sauf qu’il a vite oublié, qu’un chien malgré ses quatre pieds ne peut guère marcher à la fois sur plusieurs chemins, voire un individu qui n’en a que deux.<p>
La situation devient de plus en plus sombre et tragique, vu qu’aucune force politique ne semble en mesure de proposer sinon d’imposer une solution susceptible d’éviter le pire. Il ne faut pas se leurrer sur le sens de la crise actuelle d’autant qu’une scission désormais irréversible entre l’Exécutif et le Parlement a divisé non seulement ces deux forces qui s’étaient concoctées pour la prise du pouvoir par Jocelerme Privert ; mais au sein de ces forces, c’est le mouvement anti-Martelly qui en fait les frais par la division déjà établie et consommée. <p>
L’exécutif « a accusé le Parlement de n’avoir pas respecté à temps ses engagements dans l’accord » alors que le Parlement lui-même lui retourne la balle par le truchement du président de la chambre basse Cholzer Chancy. « Le président veut sortir de l'accord lorsqu'il souhaite accorder 30 jours à une commission pour évaluer et vérifier les élections du 25 octobre» pour ajouter ensuite : « Les députés et les sénateurs n'ont aucun problème à ce niveau. Nous n'avons aucune intention de mettre les bâtons dans les roues du chef de l'Etat, sauf que nous voulons tout simplement qu'il reste dans la légalité». <p>
Au point où en sont les choses, le président provisoire Jocelerme Privert se trouve devant les choix suivants : ou bien donner un coup d’arrêt brutal à l’expérience en cours, en laissant le soin au Parlement, l’arme susceptible de contrôler la situation, de le destituer. Sinon aller encore plus loin dans la voie de la Commission de vérification à laquelle, il n’a pas tout à fait encore renoncé, mais il semble qu’il est d’humeur politique à faire marche arrière ; et c’est dans cette optique qu’il invite les députés à une réunion de façon à finaliser les termes de référence de la Commission électorale. Alors qu’avant de prendre l’avion pour New York la semaine dernière, il avait tout bonnement souligné « Nous disposons des cinq membres devant former la commission. L’arrêté va être incessamment publié au journal officiel ». Quelle mouche a piqué Privert jusqu’à le forcer à revenir sur les modalités des termes de référence de la Commission déjà conclues par 7 membres des partis politiques ? Est-ce la réaction de Léopold Berlanger à savoir que « Personne ne peut faire des injonctions au CEP qui est une instance indépendante » ? <p>
Comme il a annoncé les élections pour le mois d’Octobre 2016, le président voulait rester au pouvoir ; mais il ne peut pas le faire sans l’aval des parlementaires et par-dessus-tout des puissances impérialistes. C’est ce qui explique son tâtonnement actuel ; alors qu’il a déjà franchi des étapes incontournables. <p>
Comme nous l’avions souligné la semaine dernière, le fait par le président provisoire de donner le feu vert au Conseil Electoral Provisoire à publier les résultats officiels des municipalités sans attendre la Commission prouve que Privert joue sur deux tableaux et c’est dans cet imbroglio que reprenant du poil de la bête, son compère du coup d’état parlementaire du 14 février, Cholzer Chancy lui demande : « Sur quelle base considère-t-on que les élections étaient bonnes pour les municipalités et non pas pour la présidentielle» <p>
De là, la preuve est en train d’être établie que la démocratie ne saurait être débitée en tranches ; mais qu’il s’agit d’un tout qui sécrète sa propre dynamique. Les paris sont aujourd’hui ouverts entre les optimistes qui pensent que le gouvernement joue le jeu de la démocratie et les pessimistes qui en prennent le contre-pied « Rien ne dit que M. Privert va organiser les élections. Rien ne dit que sa véritable motivation ce n'est pas la tabula rasa», a déclaré Jean Hector Anacacis de LAPEH pour souligner ensuite « Si nous devons nous mettre avec le PHTK pour forcer qu'il y ait des élections, nous n'avons aucun problème». Le Mopod pour sa part approuve la commission de vérification, mais dit non au maintien de Privert au pouvoir après le 14 mai. <p>
A ce stade, Privert n’a pratiquement plus de répit ; et ce n’est un secret pour personne qu’il est lâché par le Core Group, plus précisément les Etats-Unis ; l’on dirait même que la majorité des observateurs diplomatiques en poste dans le pays sont quasi unanimes contre la commission de Vérification. En ce sens, quel sera son sort dans les jours ou les mois à venir, s’il ne rentre pas en conciliabule pour se racheter ; cette fois encore non pas dans l’intérêt du pays, mais pour satisfaire ses propres objectifs à savoir rester au pouvoir le plus longtemps possible. <p>
C’est là une donnée d’importance dans les batailles politiques en cours. L’aboutissement d’un tel projet sans nul doute ne peut que porter un coup sévère au secteur qui avait tout misé sur Privert ; de là, cet acte pourrait avoir des conséquences très importantes pour l’avenir. <p>
Privert par son opportunisme ne fait que payer les conséquences de ses inconséquences en voulant plaire à tout le monde à la fois pour mieux les berner. Un phénomène qui devrait non seulement inquiéter, mais révolter les masses populaires puisque les déchainements auxquels la crise électorale a donné lieu rappellent à n’en pas douter la mentalité coloniale qui continue à dominer nos esprits et à imprégner profondément nos mœurs et notre culture par la mise en œuvre du principe « diviser pour régner » <p>
Le problème de fond que personne des dirigeants politiques n’a posé jusqu’à présent, dans toute sa dimension, c’est celui de l’occupation du pays et de la sauvegarde de notre souveraineté nationale et du droit du peuple à l’autodétermination. Car c’est bien de cela qu’il s’agit pour infléchir la domination impériale des Etats-Unis dans la patrie de Dessalines.
|
|
|
|
|
|