Haiti Liberte
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Edition Electronique |
Vol. 10 • No. 26 • Du 4 Jan au
10 Jan 2017 |
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Vol. 4 No. 40 • Du 20 au 26 avril 2011 |
Rivalités pour le pouvoir et alliance contre
les masses populaires ! |
Par Berthony Dupont |
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EDITORIAL |
Il est primordial de dénoncer le danger en cours actuellement avec
les rivalités qui prennent place déjà pour le pouvoir. Elles trahissent
les contradictions sociales et politiques poursuivies tout au cours
de l’histoire du pays jusqu’à conduire les classes dominantes à la
création en 1879 de deux partis opposés : Le Libéral et le National.
Le pouvoir aux plus capables fut le slogan du parti Libéral et le pouvoir
au plus grand nombre celui du parti National. Ainsi, dans la
période allant de 1911 à 1915, ces antagonismes ont atteint un degré
d’acuité tellement défavorable à la nation qu’ils débouchèrent sur la
débâcle qui engendra depuis lors, la mainmise de l’impérialisme nordaméricain
sur le pays.<p>
Bien avant le départ de Jean-Claude Duvalier le 7 février 1986,
régime que soutenaient les pays occidentaux, l’oligarchie haïtienne
était déjà composée en quelque sorte du secteur de la bourgeoisie
compradore, représentée par le jean-claudisme et d’un autre secteur
identifi é aux grandons, représentant l’aile dure de la droite extrême,
réactionnaire d’où est sorti le duvaliérisme ou secteur macoute. A ce
carrefour, l’alliance Bennett-Duvalier symbolisait nettement l’entente
et la solidarité entre ces deux forces au sein des classes dominantes :
les féodaux et les compradores. Cependant ces deux branches rivales
n’ont aucune divergence fondamentale, toutes leurs luttes tournent
simplement autour du contrôle du pouvoir.<p>
De ce fait, le gouvernement de Michel Martelly ne sera autre
qu’une alliance entre les bourgeois et les macoutes, en d’autres termes
on pourrait même dire un marchandage entre les dinosaures du duvaliérisme
et ceux du jean-claudisme. Cette nouvelle coalition des
élites sera dirigée essentiellement contre les masses des campagnes
et des villes exclues du système depuis belle lurette, ce que viennent
d’illustrer les dernières mascarades électorales de la Communauté
Internationale.<p>
L’impérialisme, en quelque sorte, l’allié naturel de ces deux
forces, est là pour aider la classe dominante à réorganiser la politique
du pays de façon à tenir intacte la capacité de répression et d’exploitation
du peuple. C’est pourquoi il défi nit clairement les tâches de
chacun des protagonistes. Dans ce sens, il utilise le secteur macoute
pour être les hommes de main, instrument de répression pour en faire
des escadrons de la mort, tout en évitant de les mettre aux postes de
commande qu’il réserve au secteur de la bourgeoisie; et c’est dans
cette optique qu’il faut comprendre les raisons pour lesquelles l’ancien
Président américain, Bill Clinton, co-président de la Commission
intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (CIRH), a exprimé à M.
Martelly le souhait de le voir maintenir à son poste, l’actuel Premier
ministre, Jean-Max Bellerive pour la continuité du régime en lieu et
place d’un homme de la trempe du bâtonnier de l’ordre des avocats
de Port-au-Prince, Gervais Charles, actuel avocat du dictateur Jean
Claude Duvalier et conseiller juridique de Michel Martelly, pour être
Chef de gouvernement.<p>
Vu que Charles n’est autre que le jeune frère du Dr René Charles,
le médecin personnel de François Duvalier, il ne peut qu’avoir pataugé
dans les idéaux du macoutisme. Etant donc grand et fi n connaisseur
de cette idéologie, il ne pouvait être que le représentant idéal de ce
secteur de la classe moyenne, lié aux féodaux. Et comme ce secteur
a toujours prôné un faux nationalisme, c’est dans cet esprit que les
idéologues duvaliéristes ont fait dire à Martelly :« ce n’est pas à M
Clinton de me dire qui il souhaite comme Premier Ministre».<p>
Ainsi, dans cette foulée est né le bras de fer entre l’impérialisme
et les macoutes qui a occasionné la rencontre entre Préval et Martelly.
Préval en tant que bon indigène de service, bon esclave, bon élève
du colon, sait comment manoeuvrer pour satisfaire ses maîtres. Voilà
pourquoi on lui a donné la tâche de préparer le nouvel élève, afi n qu’il
s’accommode sans aucune réticence, sans inconvénient des diktats
de l’Empire colonial. C’est dans cette optique que Préval déclara au
sujet de sa rencontre avec Martelly « J›aimerais aider [...] je suis
totalement ouvert, je suis à sa disposition pour l’aider à réussir [...]
nous n’avons plus besoin de divisions, nous voulons que le pays
réussisse [...] ce n’est pas seulement Michel Martelly ou René Préval
nous devons tous nous rassembler pour que le pays avance [...] Je
promets à Michel que je vais travailler avec le Parlement pour qu’il
y ait une collaboration effi cace de sorte que le Parlement et le nouveau
Président puissent développer le pays et le faire avancer. » Et
Martelly lui-même d’enchaîner : « le Président m›a dit qu›il y a des
choses qui sont compliquées, d›autres qu›il faut éviter [...]»<p>
Sans aucun doute c’est l’engrenage macoutique que Préval veut
éviter à Martelly. Mais il va certainement l’aider afi n qu’il réussisse
comme lui dans la vente en douceur du pays. Ce n’est pas le fruit du
hasard si le parti de Préval, la plateforme d’Inite, ainsi que celle de
l’Alternative et d’Ansanm nou fò, offrent leur collaboration à Martelly,
puisqu’elles sont toutes les trois logées à la même enseigne
politique.<p>
C’est toujours dans ce même contexte, marqué par la lutte commencée
entre la bourgeoisie et les macoutes au sein du nouveau
régime que Michel Martelly a été convoqué à Washington en se faisant
accompagner de Grégory et Thierry Mayard Paul, Daniel-Gérard
Rouzier, Wilson Laleau représentant la bourgeoisie, et Stanley Lucas
du camp macoute. Lucas qui a si bien servi contre les intérêts des
masses haïtiennes.<p>
A ce compte, il faut savoir que ce n’est pas réellement autour de
Martelly que se fait ce consensus, mais bien autour des projets politiques
des forces occupantes. En vérité, ce sont elles qui assureront
le rôle d’arbitre, de dirigeants qui s’en iront garantir le maintien du
consensus. Pas Michel Martelly. Il ne sera qu’un simple fi gurant pour
ne pas dire une marionnette aux services des classes dominantes,
luttant pour le contrôle du pouvoir.<p>
Enfi n, l’objectif primordial et ultime de cette coalition est de
désorganiser les classes populaires en sorte qu’elles ne puissent
développer aucune alternative concrète et sérieuse au pouvoir de
l’oligarchie. Mais en dépit de tout, il n’en reste pas moins que ces
contradictions à l’intérieur du monde impérialiste et des classes dominantes,
contradictions d’ailleurs souvent partagées entre des tentatives
diverses, tendront quand même à exaspérer la conscience
nationale d’où sortiront des positions qui feront à l’avenir que les
classes populaires et progressistes s’imbriquent et se complètent pour
la libération nationale.
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