Haiti Liberte
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Edition Electronique |
Vol. 10 • No. 26 • Du 4 Jan au
10 Jan 2017 |
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Vol. 5, No. 16 • Du 2 au 8 Novembre 2011 |
Haiti : qui tire les ficelles ? |
Berthony Dupont |
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EDITORIAL |
Dans un pays en équilibre politique précaire, la moindre secousse ouvre des brèches qui ne seront pas faciles à colmater. C’est un véritable carrousel colonial qui se déroule actuellement en Haiti, avec un ordre social qui se construit sur des pots de vin, des passe-droits, la corruption et l’arbitraire. Tout cela, il ne faut pas s’étonner, fait l’affaire de la Métropole, qui tire des profits politiques de la décadence, la déstabilisation, la confusion et la division qu’elle engendre pour mieux régner. <p>
Pour qui a suivi avec attention l’épisode peu glorieux à la fois écœurant et scandaleux que vient de poser l’Exécutif à l’endroit du Législatif, cet acte n’est pas un fait divers ni isolé. Il rentre directement dans le cadre de la déstabilisation des institutions de la Nation, vu que la mission d’une force occupante dans n’importe quel pays est d’affaiblir les institutions nationales, en somme de les disqualifier, afin d’asseoir ses malhonnêtes prérogatives. Actuellement, il n’y a aucune institution valable en Haiti, sauf la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haiti, la Minustah. <p>
Si la politique reste et demeure un rapport de forces, seul le secteur international détient le levier pour nous tenir la dragée haute, quand les mains criminelles au service de l’impérialisme, américain notamment, ne sont pas innocentes dans le déroulement des derniers événements, suite à l’arrestation du député de Tabarre-Delmas, Arnel Bélizaire.<p>
Ramenons donc l’affaire à sa juste proportion. Nonobstant les visées ou les ambitions dictatoriales de Martelly, les événements qui viennent de se produire et les commentaires tardifs qu’ils ont suscités prouvent une fois de plus que la grande conspiration contre le pays n’est pas un mythe. Il faut se rendre à l’évidence que les puissances impérialistes, dans leur pratique de conquête et de domination coloniale, n’ont toujours pas renoncé à leur volonté de façonner le pays selon leurs critères et leurs intérêts. Ce n’est pas une affaire de manque de maturité politique du gouvernement ou de la présidence. C’est une lutte de rivalités dans la platitude, entre le président et le Premier ministre, pour mieux s’attirer les grâces du patron colonial. Et cette lutte est bien alimentée par les forces impériales. Et selon le sénateur Moise Jean-Charles, le Premier ministre avait même boudé mercredi dernier la cérémonie d’investiture des sous- secrétaires d’Etat nommés par Martelly, choisissant de ne pas s’en mêler.<p>
Les mensonges officiels ne sauraient masquer les faits. C’est dans ce contexte qu’il faut replacer les différentes étapes de la politique coloniale mise en place chez nous pour comprendre l’arrestation d’Arnel Bélizaire sur ordre de Martelly. Ce projet d’arrêter un député en fonction ne venait pas seulement de Martelly mais des forces obscures qui le soutiennent, le manipulent et qui pour des raisons d’Etat veulent maintenant le pousser à se désavouer, en le piégeant, afin de donner plus de forces politiques à l’autre poulain, le Premier ministre Garry Conille. <p>
Cependant cette épreuve de force a un autre message : il s’agit d’une menace claire de Martelly lancée particulièrement aux compatriotes vivant à l’étranger qui pourraient se voir arrêtés par l’armée Martellienne à même leur descente d’avion, à l’aéroport. <p>
En fait, si les experts internationaux ne voulaient pas de cette gaffe politique et administrative de Martelly, ils auraient pu la lui éviter. Ce sont eux en effet qui tirent les ficelles. Un des aspects les plus remarquables de cet acte suicidaire réside indéniablement dans la participation active de la Minustah à l’aéroport en appui aux policiers.<p>
En vérité ni le Président, ni le Premier ministre, ni même les parlementaires ne sont capables d’agir seuls sans l’aval des proconsuls sur place et de leur bras armé qu’est la Minustah.<p>
Dans cet imbroglio, le Premier ministre n’a pas pour autant calmé la situation. Au contraire, il n’a fait qu’exécuter avec maestria la partition de ses patrons pour l’envenimer. Pourquoi n’avait il pas au préalable interdit l’arrestation du député ? Il avait le pouvoir de stopper le déferlement des policiers à l’aéroport, n’est il pas le chef du Conseil Supérieur de la Police Nationale ? S’il n’en était pas capable, c’est dire que son subalterne le ministre Thierry Mayard Paul a plus d’influence que lui sur les policiers ! Pourquoi a-t-il attendu l’arrestation pour réagir ? Bien avant l’arrestation, le président de la chambre des députés avait bien indiqué que dans un entretien avec Conille, ce dernier lui avait fait savoir que la décision n’est pas de lui, mais d’ordre du président. Il s’en est lavé les mains !<p>
Faut il rappeler et souligner que bien avant l’arrestation aucune instance n’avait pris ses responsabilités, et la décision légitime ne devait venir que du Chef du gouvernement. Pourtant, Conille n’avait pris aucune position de principe pouvant même écarter son gouvernement de n’importe quelle accusation comme l’explique la résolution prise par les députés et le sénat sur le cas de certains ministres tels que ceux de l’Intérieur et de la Défense Nationale, de la Justice et des Affaires extérieures qui ne sont autres que des postes clefs du pouvoir de Martelly.<p>
La communauté internationale sachant que Martelly est un ignare en politique, un insensé et que sa seule préoccupation est de montrer son autorité, le pousse à contre courant pour mieux l’avilir et épingler son incapacité, afin de permettre au Premier ministre d’en tirer profit. Il est ironique de voir que ce sont ceux-là même, qui ont imposé Martelly au pouvoir, qui utilisent ses gaffes pour le combattre et éventuellement le mettre au moment opportun, hors jeu. <p>
Cet épisode de l’arrestation a été monté en épingle avec pour but de mieux faire passer l’offensive destinée à réhabiliter l’image d’un Premier ministre auprès de l’opinion publique préparant ainsi l’avenir de Conille au détriment d’un homme malade, fou, enragé et indécent. Cet ensemble de tractations et de palabres centrées sur l’arrestation risquent bien pourtant de n’avoir que peu d’effets immédiats. Cependant elles visent, comme l’avait insisté l’ancien président des Etats-Unis, Franklin Delano Roosevelt à <i>« constamment soulever les va-nu-pieds contre les gens à chaussures et mettre les gens à chaussures en état de s’entre-déchirer les uns les autres ; car c’est la seule façon pour nous d’avoir une prédominance continue sur ce pays de nègres qui a conquis son indépendance par les armes…»</i>
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