Haiti Liberte
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Edition Electronique |
Vol. 10 • No. 26 • Du 4 Jan au
10 Jan 2017 |
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Vol. 5, No. 21 • Du 7 au 13 Décembre 2011 |
Peut-on courir deux lièvres à la fois? |
Berthony Dupont |
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EDITORIAL |
La résistance d’un peuple face au phénomène de domination ou d’exploitation, doit nécessairement s’appuyer sur les hauts faits de son histoire, ainsi que sur les exemples de courage qu’offrent les autres peuples face à ce même phénomène. Nul ne peut ignorer les grandes prouesses du peuple haïtien. Comme l’a si bien signalé Chavez, Haiti a combattu quatre empires pour créer la première révolution sociale du continent. Le peuple cubain pour sa part, depuis la révolution de 1959, tient haut et fort le flambeau de la lutte anti-impérialiste. Et, grâce aux appuis de la révolution cubaine, d’autres pays de l’Amérique sont venus le rejoindre, des pays comme le Venezuela avec la révolution bolivarienne, l’Equateur, la Bolivie, le Nicaragua etc.. <p>
Ainsi, juste avant de laisser le pays pour Caracas, Martelly n’avait pas manqué de faire les éloges de l’aide du Venezuela à Haiti. Est-ce dans l’esprit de soutenir ce pays dans son refus de se soumettre aux diktats et ingérences des Etats-Unis que le président Martelly évoquait ses efforts visant à accroître l’indépendance économique d’Haiti ?
De toute façon, nous applaudissons grandement cette déclaration du président haïtien et surtout sa déclaration à l’égard de Cuba et du Venezuela. Martelly a même osé citer un haut gradé du gouvernement cubain qui lui a fait part de la philosophie internationaliste de la révolution : « nous ne donnons pas de ce que nous avons le plus, mais nous partageons ce que nous avons »<p>
Certes, Cuba et le Venezuela partagent avec Haiti ce qu’elles ont mais pas ce qu’elles ont comme surplus en utilisant des pays appauvris comme Haiti en tant que dumping. En fait, c’est une réalité, qui, en quelque sorte, décrit les relations différentes entre Haiti et les puissances impérialistes, face à celles des pays frères comme Cuba, le Venezuela, et l’Equateur pour ne citer que ceux-là.<p>
Aussi, si Martelly a été frappé par le commentaire de ce haut gradé cubain, s’il l’a vraiment compris comme il l’a indiqué dans son discours au Venezuela au cours du Sommet de la CELAC, aucune ambiguïté ne devrait subsister pour lui de cesser d’être un instrument des puissances coloniales et impérialistes, comme il est en train de l’appliquer à bon escient à travers Bill Clinton. Ainsi, il pourrait se rebiffer face à la domination américaine dans le pays. <p>
Si l’agression impérialiste est une manifestation concrète des contradictions de classes qui opposent le peuple à une minorité d’exploiteurs arrogants au service du capitalisme mondial et de l’impérialisme international, le régime Martelly Conille renforce à bien des égards cette option au profit des multinationaux. Nous pouvons prendre comme exemple la dernière parade de Clinton, de Martelly, de Conille et du président de la Banque InterAmericaine de Développement Luis Alberto Moreno à Caracol, dans le Nord pour ouvrir le flanc du pays aux industries d’assemblage et aux zones franches afin de continuer l’exploitation à outrance du peuple par des salaires misérables, évoquant à la limite des conditions d’esclavage. De telles entreprises sont incompatibles avec des idéaux progressistes, vu que pour obtenir une indépendance réelle, afin de promouvoir une économie au profit des masses populaires, il faut tout d’abord la socialisation des moyens de production. Il ne suffit pas de dire du bien de Cuba et du Venezuela, il faut faire mieux, et la chose la plus simple à faire c’est de se désolidariser des ennemis des masses.<p>
Comment concevoir que des milliers de gens vivent encore sous des tentes de misère et que Martelly préfère mettre sur pied une armée qui engloutirait à elle seule près de 95 millions de dollars ? Si Martelly est bien intentionné pourquoi n’utilise-t-il pas cet argent pour soulager l’état déplorable des «résignés» sous les tentes et les délivrer de leur enfer ? Pourquoi n’instaure-t-il pas une réforme agraire afin que chaque paysan puisse avoir un petit lopin de terre au lieu de vendre nos cultivateurs aux grands consortiums industriels ? <p>
Avec un régime dont la majorité des cadres sont d’origine duvaliériste et Jean-claudiste, nous ne pouvons pas vous faire confiance, M. Martelly, même quand vous débitez des propos flatteurs à l’égard des pays progressistes.<p>
A moins qu’elles soient d’autre nature, les raisons qui vous poussent à faire ces nombreux voyages semblent se rapporter à des exercices politiciens simplement pour essayer de résoudre certaines contradictions entre vous et votre Premier ministre. <p>
Cette attitude ambivalente et équivoque contraint le régime Martelly à combattre désormais sur deux fronts opposés. Il ne suffit pas d’envoyer des fleurs mais il faut surtout penser à prendre les dispositions appropriées pour mettre un terme à l’impunité, à commencer par l’arrestation et le jugement des criminels notoires surtout l’ex-dictateur Jean-Claude Duvalier, si vraiment votre désir, Monsieur le président, est d’accompagner le peuple haïtien vers le progrès, sans oublier le départ des forces occupantes du pays. <p>
L’ennemi de classe est de tout temps le même, et tout ce qui peut l’affaiblir reste positif et souhaitable ; par contre, Monsieur le président, nul ne peut servir deux maîtres, nul ne peut courir deux lièvres à la fois.
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