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Vol. 10 • No. 26 •
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Vol 10 # 19 • Du 16 au 22 Novembre 2016 Translate This Article
  
Léopold Berlanger est-il un cheval de Troie ?
Par Marie Laurette Numa
   
 
 
 

A la de trakas papa

Un agent de Washington prend le contrôle des observateurs électoraux

Il est parvenu à  l’attention  de la Rédaction cet article publié, par le journal Haïti Progrès, dans sa section anglaise, au mois de Janvier 2000. Il concerne Léopold Berlanger, l’actuel président du CEP : ses tortueux rapports avec l’impérialisme  américain et le rôle néfaste qu’il a voulu jouer lors des élections en  l’an 2000. Un adage affirme : « qui a volé un œuf volera  un bœuf ». En ce qui concerne  Léopold Berlanger, le proverbe pourrait  être extrapolé en ces termes : qui a essayé de truquer des élections une première fois en 2000, le fera une deuxième fois en 2016, d’autant qu’aujourd’hui le mec contrôle tout l’appareil électoral. La rédaction a cru utile de porter ce texte à la connaissance de son lectorat, elle s’inquiète à propos de cette présidence du CEP peut-être tombée du ciel de Washington par une sorte d’opération du Saint Esprit, et s’interroge: Berlanger est-il un cheval de Troie ? Aux lecteurs de se faire leur propre opinion. Grosse affaire…[F.L]

 Le nom de Léopold Berlanger est pratiquement synonyme de "plan américain" pour Haïti. Depuis la chute de la dictature de Duvalier en 1986, il a été l'un des principaux pions de Washington dans ses efforts pour contrôler l'orientation politique d'Haïti et manœuvrer de façon à mettre le pays sur la voie de la réforme néolibérale. 

Ainsi, il est plus que déconcertant cette semaine de voir Berlanger devenir le "coordinateur général" du Conseil national d'observation électorale (CNOE), un amalgame de 43 groupes et comités ayant tous la mission auto-déclarée d'observer les prochaines élections.
Berlanger est le président de l'un de ces comités - le Réseau Civique National (RCN) - et a contribué à organiser au cours des derniers mois, un assemblage de tous ces groupes sous la tutelle de la CNOE. Essentiellement, il s'est placé dans la position enviable d'avoir le dernier mot sur la «validité» des prochaines élections  avec l'avantage crucial d'être un «national» qui ne peut être accusé de s'ingérer dans une élection souveraine autant qu'un observateurs étranger peut le faire.A la de trakas papa

 Mais si jamais Haïti pouvait se targuer d’avoir un «agent d'un gouvernement étranger» (comme on les appelle à Washington), ce serait bien Berlanger. En 1986, il est apparu sur la scène politique en Haïti à la tête de l'Institut international de recherche et de développement (IHRED) d'Haïti. Cette organisation a été créée par le National Endowment for Democracy (NED), la fondation quasi officielle de Washington pour promouvoir l'agenda du gouvernement des États-Unis dans le tiers monde d'une manière plus «juridique» que son agence cousine, la CIA. Le lancement de l'IHRED a été «entériné avec enthousiasme par l'ambassade des États-Unis», selon un rapport de NED de cette époque, avec la mission «d'aider les institutions démocratiques indépendantes à prendre racine et à prospérer dans le pays».            À cette fin, du 24 au 26 octobre 1986, l’IHRED a tenu une conférence relative au «processus électoral» qui a abouti à la création du «Conseil national indépendant pour l'organisation et la supervision des élections» [CNOE] (voir «Le projet démocratique pour Haïti: un scénario conçu, monté et réalisé par les Etats-Unis, "Haïti Progrès, vol. 4, n ° 49, mars 11-17,
1987).

En fait, il n'y avait rien de «national» à propos du  conseil - puisqu'il était supervisé par une délégation de l'Institut national démocratique (NDI), la branche du Parti démocrate du NED - ni d’«indépendant», puisque ses membres avaient été nommés par le Conseil national de Gouvernement (CNG) néo-duvaliériste des généraux Henri Namphy et Williams Régala.

Aujourd'hui, 13 ans plus tard, nous voyons que Berlanger et le NED ont mis en place une nouvelle version 1986 de leur "Conseil" pour le contrôle des élections. Il comporte même plusieurs des mêmes visages. Par exemple, à côté de Berlanger, à la RCN et la CNOE on trouve l'un des acteurs du lancement de l’IHRED: Rosny Desroches, ministre de l'Education de Jean-Claude Duvalier et du CNG.

 Berlanger est également le directeur de Radio Vision 2000, une station financée par l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et fondée par des membres de la bourgeoisie putschiste lors du coup d'Etat 1991-1994. La polarisation anti-Aristide de la station n’est un secret pour personne, et c'est la seule radio en Haïti avec couverture nationale, grâce à sa diffusion via satellites.

Le Conseil électoral provisoire (CEP), qui compte neuf membres, a officiellement accueilli la formation du CNOE le 6 janvier, mais il y a manifestement des inquiétudes. Le porte-parole du CEP, Macajoux Médard a déclaré que le corps était "très satisfait" de l'émergence du CNOE, mais a laissé entendre après quelque querelle : "nous allons continuer à travailler d’un commun accord afin que nous puissions rendre possible l'observation des élections." Le 5 janvier, Radio Haïti a signalé que l'administrateur des opérations électorales du CPE, Carlo Dupiton, avait récemment noté avec une certaine réserve la prolifération soudaine d'organisations et de réseaux intéressés à l'observation des élections ; puis il a exprimé sa crainte que ces organisations puissent être utilisées par certains partis politiques pour contrôler l'appareil électoral ".

Entre-temps, Berlanger a déploré les mesures prises par le CEP pour diluer son pouvoir lorsque «le Conseil a adressé des lettres d'invitation à des personnes sur une base individuelle pour faire partie du Conseil national d'observation électorale ; alors que seules les personnes appartenant à des institutions sont qualifiées pour faire partie dudit Conseil. "   Après son «élection» à la tête du CNOE par 26 des 43 groupes du Conseil, Berlanger a déclaré qu'il «doterait la question électorale  d’un leadership, puisque nous avons accumulé dans le RCN ... une certaine expérience sur le terrain à ce sujet ", et a affirmé qu'il" travaillerait pour avoir des élections libres, honnêtes et démocratiques dans le pays sans pression, afin que nous puissions en finir  avec ces élections  ‘‘malatchong’’.

Mais une "eleksyon malatchong" c’est justement ce que certains semblent voir arriver, parmi eux, Jean Hancense, le directeur du groupe des droits humains, la Commission Justice et Paix. Il a exprimé son inquiétude à l'égard de l'agenda politique de certains observateurs électoraux, prévus pour  rejoindre les rangs de son organisation. "Une chose qui nous effraie, c'est de voir toutes les manœuvres en cours dans le pays pour contrôler l'observation des élections ", a-t-il dit. «Nous ne comprenons pas quels  intérêts ont  certains groupes à travailler avec autant d’ardeur à contrôler le processus d'observation des élections».

Pendant ce temps, la route électorale continue de se développer  de façon instable et difficile. Toutes les parties n'ont pas accepté de signer le 4 janvier un «Code de déontologie» en 20 points, une sorte d’accord  de gentlemen pour une conduite politique cordiale. Parmi les quinze partis qui ont signé figurent Famille Lavalas (FL) de l'ancien président Jean-Bertrand Aristide, le RNDP de l'ancienne marionnette des militaires Leslie Manigat, l'URN, fondée par feu le  chef  Macoute Roger Lafontant, et la coalition néo-duvaliériste du MPSN. Parmi ceux qui ont refusé de signer figurent la coalition de centre-droit, l’ Espace de Concertation et l'ancien parti au pouvoir, l'Organisation des personnes en lutte (OPL). Les mon-signataires cherchent à mieux contrôler la nomination des surveillants électoraux, entre autres choses. En outre, la date de l'inscription des électeurs a été reportée de deux semaines, jusqu’au 24 janvier, un changement que certains partis ont attrapé au vol pour lancer à nouveau toutes sortes d'accusations contre une mauvaise volonté du CEP.

La violence électorale et les passions font encore rage dans le département de la Grand'Anse  sur la disqualification d'un candidat du parti progressiste KOREGA par un Bureau Electoral local, composé exclusivement des membres de l'Espace de Concertation. Un dirigeant de KOREGA a déclaré que son parti pourrait se retirer des élections.

Parallèlement, le CEP a annoncé que plus de 7 000 candidats pour des postes allant des représentants locaux (ASEC) aux députés et sénateurs ont été inscrits aux élections, même si tous les noms n'ont pas été rendus publics. Le ministre des Finances Fred Joseph a également déclaré que le gouvernement a déjà décaissé 100 millions de gourdes (5,88 millions de dollars US) sur un total de 200 millions de gourdes réservées aux élections.

En plein dans cette tumultueuse  atmosphère, le mouvement stratégique de Berlanger au nom de l'impérialisme américain et de la bourgeoisie haïtienne a été presque éclipsé. Mais c'est l'un des développements les plus significatifs de la semaine dernière, s'agissant  d'un important mouvement dans ce jeu d'échecs dans une tentative de fomenter un «coup d'Etat électoral» le 19 mars et au-delà.

Haïti Progrès 12 au 18 Janvier 2000

 
 
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