Comme annoncé, le lundi 4 avril
2011, le Conseil Electoral provisoire
(CEP) a publié ce qu’il dit être
les «résultats» préliminaires du «second
tour» des élections-farces du
28 novembre 2010. «Résultats» qui
du reste auraient dû être proclamés
depuis le 31 mars dernier. Joseph
Michel Martelly, candidat de la Plateforme
politique, Repons Peyizan
a remporté la présidentielle avec un
pourcentage de 67,57%, tandis que
la candidate du RDNP, Mirlande Hyppolite
Manigat en a obtenu 31,74%.
On ne peut s’empêcher de s’interroger
comment en l’espace de seulement
quatre mois Martelly soit passé
de 21.84% à 67.57%, un gain de
45.73%, alors que Mirlande Manigat
n’a gagné que 0.74% (son score antérieur
était de 31%). Bizarre ! Selon
le CEP d’exclusion de Gaillot Dorsinvil,
4,694.961 électeurs étaient inscrits
dans les registres de ce Conseil
dont 716.986 ont voté en faveur de
Michel Martelly et 336.747 ont choisi
Mirlande Manigat.
C’est le directeur de communication
du CEP, Pierre Jean Thibault
qui a donné la lecture de la publication
des «résultats» des élections
présidentielles et législatives. On
lui donne acte de cette publication.
Mais il ne peut prétendre ne pas être
au courant de la visite inopportune,
à une heure indue, du président du
CEP Gaillot Dorsinvil, de la colère
«des techniciens et opérateurs de
saisi de données en apprenant qu’ils
ne laisseront les locaux que sur ordre
du responsable du CTV, M. Widmark
Martador», des «vives disputes…
entre le responsable du Centre de
Tabulation des Votes (CTV) et les
représentants de Mirlande Manigat
au CTV… des échanges …tellement
houleux que M. Dorsinvil [menaça]
de les faire arrêter au cas où ils
n’obtempèreraient pas», de son
intervention musclée pour «faire
comptabiliser près de deux cent
sept (207) procès [verbaux] que les
techniciens avaient mis de côté pour
fraudes et irrégularités… PV …pour
la plupart favorables au candidat de
Repons Peyizan, Michel Martelly».
Selon Joseph Chanoine
Charles du journal Le Matin (1)
de qui proviennent les citations ci-dessus
mentionnées : «Jusque très
tard dans la nuit, les informations
fusaient de toutes parts au sein du
CTV. De sources généralement bien
informées proches du CTV, Mirlande
Manigat était en [pôle] position pour
remporter les élections. Cependant,
tout semble avoir changé suite à la
visite de Gaillot». De façon étrange,
Gaillot Dorsinvil laisse les locaux
de la SONAPI [ndlr. Société Nationale
des Parcs Industriels]. Peu de
temps après les deux représentants
de Mirlande Manigat [Max Mathurin
et Paul Duchatelier] laissent euxmêmes
le CTV sans rien dire à la
presse». Y a-t-il eu magouilles ? De
quelle nature ? Pour qui, par qui et
comment ? Dans un souci de transparence,
Thibault, Dorsinvil, Mathurin
et Duchatelier doivent des explications
au grand public, autrement la
prétendue «victoire» de l’un des deux
candidats et le prétendu «échec» de
l’autre restent matière à controverse
et à éclaircissement.
Après la proclamation de la
«victoire» proclamée de Joseph
Michel Martelly, des milliers de ses
partisans ont gagné les rues à Port-au-
Prince et dans plusieurs autres
villes du pays pour fêter cette «victoire
». Mirlande Manigat ayant déclaré
qu’elle ne fera pas appel des
résultats, Joseph Michel Martelly
va succéder au président de facto,
René Préval à la tête du pays le 14
mai 2011, date non retenue par la
constitution de 1987 pour la rentrée
en fonction du président de la
République.
Aux législatives sept (7) sénateurs
ont été élus dans six départements
du pays. La Plateforme
politique
Alternative, qui ne participe pas officiellement aux élections, a remporté
quatre sièges au Sénat de la République :
Andris Riché dans la Grand’Anse ;
Joseph François Anick, dans
l’Artibonite, Francisco Delacruz,
dans le centre et Polycarpe Wesner,
dans le Nord. La plateforme INITE a
gagné 2 sièges : Fritz Carlos Lebon
dans le Sud ; Bien-Aimé Jean Baptiste,
dans le Nord-Est du parti Avni
décroche un siège et Deras Simon
Dieuseul dans le département du
Centre bénéfi cie d’un court mandat
de quelques mois.
La configuration de la Chambre
des députés devra se représenter
ainsi : INITE aura 33 députés,
Alternative : 14, Ansanm Nou Fò :
10, AAA : 9, Lavni : 7, Rasanble :
3, Pont : 3, Repons Peyizan : 3,
Indépendant : 3. Aucun parti n’a
obtenu la majorité dans les deux
Chambres. Les Sénateurs et députés
devraient rentrer en fonction
tout suite après les «résultats défi
nitifs» prévus pour le 16 avril
prochain.
Par ailleurs, le Secrétaire général
de l’organisation des Nations
Unies, Ban Ki-Moon prévoit un
sombre mandat pour le prochain
président d’Haïti. Ban Ki-Moon
qui présentera son rapport sur la
situation d’Haïti au Conseil de Sécurité
de l’ONU, ce mercredi 6 avril
a prédit : « Le prochain président
haïtien pourrait bien devoir faire
face à une longue période de cohabitation
diffi cile avec un Parlement
divisé où règnent les dissensions. Il
héritera de diffi cultés redoutables,
auxquelles viendront s’ajouter le
début de la prochaine saison des
ouragans, l’absence de compétence
du secteur public et la désillusion
croissante de la population quant à
la classe politique actuelle. » a-t-il
indiqué dans rapport rendu public
la semaine dernière.
Pour Ban Ki-Moon qui a ses
troupes dans le pays depuis 2004,
la seule issue d’Haïti dans le contexte
actuel sera l’établissement
d’un Etat de droit. « Pour parvenir
à la paix et à la prospérité
durables, les Haïtiens doivent instaurer
l’Etat de droit. Mais cela
demandera un engagement sincère,
pour mettre en place un pouvoir
judiciaire indépendant et effi cace,
un Parlement qui rende compte
au peuple et ne doit pas être mû
par des intérêts particuliers et un
gouvernement transparent, qui
réponde aux besoins du pays et qui
représente véritablement les Haïtiens.
» a-t-il souligné.
Il a toutefois fait remarquer
que l’Etat de droit implique également
l’établissement d’un véritable
système foncier et d’identifi cation
des citoyens, de code de construction
et de lois commerciales. L’Etat
de droit doit se traduire dans un
jugement équitable de l’ex-dictateur,
Jean Claude Duvalier, de retour en
Haïti depuis 16 janvier 2011.
Ban Ki-Moon a pourtant oublié
de dire que le prochain président
et son gouvernement devront faire
face également à des protestations
incessantes revendiquant d’abord
le départ inconditionnel des forces
d’occupation de l’ONU, la Minustah
occupant le pays depuis plus de
sept ans. Et ensuite des manifestations
revendiquant, notamment
sur la baisse de la cherté de la vie,
le paiement des arriérés de salaire
(les 36 mois des révoqués des entreprises
publiques : Teleco, ONA,
APN, SMCRS et autres), le respect
des droits fondamentaux du peuple
haïtien et les acquis démocratiques
suite à la chute de la dictature des
Duvalier.
Pour conclure, le peuple haïtien
ne sait pas encore s’il est au
bout de ses peines et de ses surprises
après ces élections bidon qui
n’ont mobilisé qu’un faible pourcentage
de la population. En effet,