Haiti Liberte: Hebdomadaire Haitien / Haitian weekly

Subscriber Log In

Email Address:    Password:    

Forgot your password?  Click Here

Home :: Archives :: Ad Rates / Tarifs Publicitaires :: Subscription / Abonnement :: Info :: Contact

Subscriber Log In

Email Address:    Password:    

Forgot your password?  Click Here

Home :: Archives :: Ad Rates / Tarifs Publicitaires :: Subscription / Abonnement :: Info :: Contact

ARCHIVE DE GRANDS TITRES

Haiti-Liberte

 

Edition Electronique

Vol. 8, No. 28
Du  Jan  21  au  Jan 27. 2015

Electronic Edition

Kòrdinasyon Desalin: Conférence de presse

 

 
 

Non à Garry Conille !

Par Yves Pierre-Louis

...


Le troisième Premier ministre désigné par le président Joseph Michel Martelly, le docteur, Garry Conille a fait le dépôt de ses pièces le jeudi 8 septembre 2011, au bureau de la Chambre des députés, de la 49e législature. Entretemps, les débats vont bon train dans les médias sur sa résidence, parce qu’il a quitté le pays depuis 7 ans pour se mettre au service de l’Organisation des Nations Unies. Dans les intervalles, un incident s’est produit deux jours après le dépôt de ses pièces, le samedi 10 septembre, à l’hôtel Karibe Convention Center entre le Premier ministre désigné et les membres du cabinet du président Martelly.

Et alors, qu’est-ce qui était à la base de cet incident ? Selon les informations diffusées, le chef du cabinet de Martelly, Thierry Mayard Paul accompagné de la femme du président, Sophia Martelly, des conseillers du président dont Patrick Rouzier, tous flanqués d’un commando, ont débarqué à l’hôtel où le Premier ministre désigné participait à un Forum du secteur privé des affaires. On lui a intimé l’ordre de signer une lettre de démission non datée avant même sa ratification. C’est un truc politique éhonté, qu’on n’a jamais vu dans les annales de la pratique politique en Haïti, ou ailleurs. Cette lettre aurait permis au président Martelly d’obtenir la démission forcée de l’éventuel Premier ministre, Garry Conille le cas échéant.

 ...Le Premier ministre désigné aurait catégoriquement refusé ce ténébreux forcing et aurait même considéré de préférence de se retirer du processus de ratification avant d’annuler la rencontre prévue avec le Forum. Suite à cette altercation, diverses sources ont fait état d’intenses communications téléphoniques avec les missions diplomatiques. D’après nos dernières informations le Premier ministre désigné s’était entretenu le même jour avec le président et la situation, semblerait-il, se serait normalisée. Le président aurait rassuré Conille que jamais la présidence n’avait pris la décision de  lui faire signer une telle lettre ou un quelconque autre document, comme condition préalable à son accession à la Primature. De qui donc était cette malencontreuse, honteuse et pitoyable initiative ?

Thierry Mayard Paul et les autres conseillers de Martelly se sont-ils permis tout seuls de se laisser aller à une manœuvre aussi déshonorante et aberrante ? Si tel est le cas, des sanctions devraient être prises immédiatement contre les présumés imposteurs. Après l’incident du samedi au Karibe, aucun communiqué officiel n’a été émis pour expliquer ce qui s’était réellement passé. Certains critiquent toujours l’entourage de Martelly qui s’oppose au choix du président. Tel était aussi le cas pour les deux premiers candidats à la Primature.  

D’un autre côté, la question relative à la résidence du candidat à la Primature ne cesse de soulever des polémiques au niveau du Parlement haïtien, de la classe politique traditionnelle et dans le milieu des hommes de la basoche. Certains évoquent à bon escient la constitution haïtienne de 1987 d’autres se réfèrent aux règlements des Nations Unies selon lesquels les fonctionnaires de cette organisation ne changeraient pas de résidence en s’expatriant. Donc entre les prescrits de la loi mère de la nation et les règlements d’une organisation mondiale lesquels  devraient  être appliqués dans l’étude des dossiers de Garry Conille.

De toutes évidence, la constitution haïtienne de 1987 est claire là-dessus : l’alinéa 5 de l’article 157 est ainsi libellé : « Résider dans le pays depuis cinq (5) années consécutives». Pourtant, durant les sept (7) dernières années, le Premier ministre désigné, Garry Conille n’était pas dans le pays, ce qui constitue un véritable obstacle à sa ratification. Sans doute le président Martelly a indiqué : « Avant de désigner Monsieur Conille, j’ai consulté mon équipe juridique », mais il n’a pas relevé le rôle joué par l’ex-président des Etats-Unis, Bill Clinton dans ce choix. Certains disent que c’est un choix imposé.

Dans la foulée, l’ancienne candidate à la présidence et professeure de droit constitutionnel, Mirlande Hyppolite Manigat a fait la différence entre un fonctionnaire des institutions internationales et un diplomate, et elle exige le respect de la loi mère de la nation : « En ce qui concerne le respect des conditions énumérées à l’article 157, concernant la résidence, j’ai entendu avec beaucoup d’intérêts des déclarations faites par-ci par-là. Le statut du fonctionnaire international, ce n’est pas celui d’un diplomate, non plus le statut d’un Haïtien qui représente d’Haïti dans une organisation internationale. Eric Pierre par exemple, par deux fois avait été désigné pour être Premier ministre, il représentait Haïti à la Banque Interaméricaine de Développement (BID), donc il bénéficiait de ce qu’on appelle l’extraterritorialité dont bénéficient les diplomates. Le diplomate par définition, ne vit pas en Haïti, il représente son pays et bénéficie du principe d’extraterritorialité. Tandis que des Haïtiens qui travaillent dans des organisations internationales, NON. Ils n’ont pas le statut de diplomate et ne bénéficient pas du principe d’extraterritorialité », a-t-elle expliqué.

Au niveau du Parlement, les opinions sont partagées, l’intérêt personnel semblerait l’emporter sur les intérêts supérieurs de la nation et les lois de la République. Le président du bloc majoritaire à la Chambre des députés, se dit prêt à accorder son vote au Premier ministre désigné. En se référant aux principes du droit international, il a précisé que Garry Conille peut demeurer au Niger, tout en résidant en Haïti, en sa qualité de haut fonctionnaire des Nations Unies, citant également un  ensemble de conventions et de résolutions des Nations Unies en faveur du Premier ministre. Le président du Sénat, Rodolph Joazile de son côté a déclaré : « Aujourd’hui, l’ambiance est plus ou moins décrispée et si monsieur Conille répond aux exigences constitutionnelles, je pense qu’il n’aura pas trop de difficultés à arriver à être ratifié au niveau du Sénat. »

Le coordonnateur de la plateforme politique de l’INITE, majoritaire au Sénat et  leader du groupe des 16, tombeur du deuxième Premier ministre désigné par Martelly, Bernard Gousse, a évoqué une possibilité de ratification de Garry Conille, s’il répond aux exigences constitutionnelles et les critères politiques, mais de toute façon les doutes et les suspicions restent très élevés.

Le sénateur des Nippes, Jean William Jeanty, pour sa part, ne cache pas sa position : Garry Conille ne répond pas au profil du Premier ministre recherché. «  Je ne peux pas dire que le Premier ministre désigné correspond au consensus que nous recherchions. Il ne correspond pas à ce qui a été discuté dans les différents secteurs, il ne correspond pas au profit du personnel qui faisait l’objet de consensus. Il est clair qu’il est un cheveu dans la soupe, donc il ne correspond pas du tout, en même temps il y a un ensemble de problème au niveau de son dossier. Ils disent qu’il ne réside pas en Haïti, depuis 2004, il ne travaille pas en Haïti. Donc il n’a pas de résidence en Haïti, il semble qu’il n’est pas [propriétaire] et qu’il ne paie pas ces taxes ici … », a-t-il fait remarquer.

Le vice-président du Sénat reste ferme sur sa position, il a réaffirmé qu’il ne votera pas un candidat qui ne respecte pas strictement les prescrits de la constitution, qui recommande d’avoir résidé dans le pays au moins cinq (5) ans  pour qu’un citoyen haïtien devienne chef du gouvernement.

Le leader du Mouvement des Paysans de Papaye (MPP) Chavannes Jean Baptiste va plus loin, selon lui, cette désignation constitue un abandon total de ce qui reste de la souveraineté nationale. Il a protesté contre l’ingérence étrangère dans la nomination d’un fonctionnaire des Nations Unies dont la présence sur l’échiquier politique viserait définitivement à consacrer la mise sous tutelle d’Haïti. Il dénonce également la violation flagrante de l’article 157 de la Constitution dont les dispositions relatives au nombre d’années de résidence serait incompatible avec la situation actuelle du candidat à la Primature.

Il est clair aujourd’hui qu’en Haïti il y a un pouvoir de doublure avec la présence de l’ex-président des Etats-Unis, Bill Clinton au palais national, à la tête d’un soi-disant « Conseil Consultatif présidentiel pour le développement économique et les investissements. » La main invisible de Bill Clinton dans la désignation de Garry Conille n’est pas un secret pour les gens avisés. De plus Garry Conille était le chef du Bureau de Bill Clinton comme coprésident de la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH) et envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon. Pour imposer Garry Conille comme Premier ministre, toutes lois du pays devront être bafouées pour satisfaire les intérêts des grandes puissances impérialistes et ceux des grands mangeurs locaux.
 
 
Vol. 5 No. 9 • Du 14 au 20 Septembre 2011
 

Home | Archives | Ads/Publicites | Contact Us

 

Copyright © 2009 Haiti Liberte. All rights reserved
Site Design and Hosted by:All in One Office, LLC