Le
régime tètkale de Michel Martelly installé au timon de la
première République noire du monde par la communauté
Internationale depuis le 14 mai 2011 a conduit le pays dans une
impasse. Il voulait à tout prix restaurer un régime dictatorial
en Haïti. Plus de deux ans après son installation, aucune
élection n’a été organisée, ni pour le renouvellement d’un tiers
du Sénat ni pour le remplacement du personnel administratif des
Collectivités territoriales dont le mandat était arrivé à terme
depuis plus de trois (3) ans. Il s’est amusé à réduire à néant
les deux autres pouvoirs en l’occurrence le pouvoir législatif
et le pouvoir judiciaire grâce à la corruption. L’appareil
judiciaire est bloqué, les avocats sont en grève pour protester
contre l’arbitraire et l’injustice. Les institutions
indépendantes, tels: le Conseil Electoral, la Cour Supérieure
des Comptes et du Contentieux Administratif, ont du mal à
fonctionner. La corruption et le gaspillage des ressources
financières du pays gagnent du terrain. L’arbitraire s’installe
et la population est aux abois. Plus de 4,5 millions d’Haïtiens
sont actuellement sous la menace d’une insécurité alimentaire
puisque tous les indicateurs sur Haïti sont au rouge.
Face à cette situation, des centaines de milliers de personnes
ont gagné les rues à plusieurs reprises pour exiger le départ du
président Michel Martelly à la tête du pays. C’est dans cette
perspective qu’une série de manifestations ont eu lieu la
semaine dernière tant à la capitale que dans différentes zones
du pays.
La dernière manifestation qui a eu lieu le jeudi 7 novembre 2013
a franchi une autre étape dans la lutte pour le renversement de
l’équipe tètkale. Lancée par l’organisation population dénommée
Force Patriotique pour le Respect de la Constitution de 1987 (FOPARC),
la manifestation qui a mobilisé plusieurs centaines de milliers
de personnes a fait le tour de la ville avant de prendre la
direction de Pétion-ville, avec un slogan politiquement très
fort : « Dessalines va visiter Pétion ». Pour les manifestants,
Martelly représente Pétion qui, sous les ordres des
colons-blancs français, fut le principal comploteur dans
l’assassinat du fondateur de la Nation haïtienne, l’Empereur
Jean-Jacques Dessalines. Par cet acte, il détruisit le rêve de
Dessalines de voir une Haïti politiquement libre, économiquement
prospère et socialement juste. 209 ans plus tard, Michel
Martelly se met au service des nouveaux colons, des forces
impérialistes et occupantes pour continuer de détruire le rêve
des fils de Dessalines de vivre dans un pays libre et souverain.
Dessalines symbolisait la liberté, la prospérité, la dignité
humaine, la justice sociale et la majorité, tandis que Pétion
symbolisait la mise au rancart des masses au profit d’une
minorité de dilapidateurs des ressources du pays, et d’une élite
jouisseuse fascinée par la France.
Plusieurs milliers de personnes ont donc manifesté, jeudi
dernier, à Port-au-Prince, pour exiger des changements à la
tête de l'Etat, notamment le départ du président Joseph Michel
Martelly accusé de graves dérives anti-démocratiques. Partis du
quartier populaire du Bel-Air, les manifestants ont sillonné
toute la région de la Saline, avant d'emprunter la route de
Delmas pour se diriger vers le quartier résidentiel de
Pétion-Ville, commune où résident le président Martelly et sa
bande de jouisseurs formant les ennemis jurés et historiques du
peuple haïtien. C'était pour la première fois, au cours de cette
série de manifestations que Pétion-Ville était touchée. Les fils
de Dessalines sont arrivés chez vous pour dire leurs quatre
vérités, à savoir qu’Haïti leur appartient aussi bien, les
richesses de ce pays ne peuvent pas rester entre les mains d’un
petit groupe de privilégiés : c’est ce que scandaient des
manifestants à l'entrée de la commune, particulièrement dans la
zone du cimetière où la police a tiré des rafales d’armes. Des
jets de pierres étaient lancés pour disperser les manifestants,
qui se rassemblaient après chaque attaque venant des partisans
du régime kaletèt. Ces derniers avaient préparé des embuscades
contre la manifestation, des jours à l’avance.
" Le pouvoir kaletèt nous a tendu une embuscade, mais notre
détermination est plus forte", ont fait savoir les manifestants
qui ont affirmé avoir dénombré une dizaine de blessés par balles
dont le militant politique de longue date, Civil Dieuseul dit Ti
Maxi. Il a reçu une balle à la hanche des bandits légaux du
régime. Il a été vite conduit à l’hôpital pour recevoir les
soins nécessaires. Des responsables de l'Opposition dont Turneb
Delpé et Gérard Evans Beaubrun ont accusé une nouvelle fois le
président Martelly de vouloir instaurer un régime totalitaire
dans le pays." Mais, il n'y parviendra pas", ont-ils assuré.
En effet, malgré les écueils rencontrés et dénoncés, les
manifestants ont maintenu leur parcours avant de redescendre par
la route de Bourdon pour se rendre dans l'aire du Champ-de-mars
où se trouve le palais national. Là, la manifestation a repris
de la vigueur et les slogans fusaient contre le pouvoir et
la minorité du sénat qui a voté mardi en faveur du maintien de
3 ministres interpellés. Mais la police est intervenue à coups
de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants qui ont
promis d'aller jusqu'au bout, se connaissant en si bon chemin.
Après ce qui s’est passé au Sénat de la République, le mardi 5
novembre dernier, où 4 sénateurs proches du pouvoir tètkale :
Wencesclas Lambert, Edwin Zenny du Sud ’Est, Willy Jean Baptiste
de l’Artibonite, Derex Pierre-Louis du Nord-Est et Jean William
Jeanty des Nippes ont décidé de maintenir les trois (3)
ministres tètkale à leur poste, le peuple haïtien reste plus
déterminé que jamais pour exiger le départ inconditionnel de
Michel Martelly. Lors, une majorité de 14 sénateurs
avaient voté pour le renvoi de ces ministres coupables de
gestion malhonnête.
Ce lundi 11 novembre, des barricades de pneus enflammés ont été
érigées très tôt dans la matinée, dans différents endroits de la
zone métropolitaine de la capitale, notamment sur la route
nationale #2, au niveau de Carrefour, à Tabarre, à la Croix des
Bouquets, à Cité Soleil et au Centre de la capitale. La mauvaise
gestion de l’Etat par l’équipe Tètkale et la position complice
de la communauté internationale sont à la base de toutes ces
formes de protestation. Les protestataires réclament la
révocation des agents de l’Exécutif aux mairies du pays, la
justice pour leurs proches, victimes également de l’insécurité
nourrie par le pouvoir tètkale pour essayer de contrecarrer la
mobilisation enclenchée depuis un certain temps contre les
dérives du pouvoir exécutif.
Suite à la grande manifestation du jeudi 7 novembre 2013, deux
camps sont en train de se cristalliser: d’un côté, on retrouve
le pouvoir Tètkale et la communauté internationale qui optent
pour le dialogue comme solution à la crise politique; d’un autre
côté, le peuple haïtien appuyé par la plus grande majorité des
partis politiques, de la société civile majoritaire, qui ont
fait choix de la mobilisation pour faire entendre raison au
pouvoir. Mais, malgré tout, ce dernier s’entête à pratiquer la
politique de l’autruche, et avance à grand pas vers son projet
de dissoudre le Parlement pour restaurer la dictature dans le
pays.
Aussi, le peuple exige son départ. Vox populi, vox Dei.
C’est aussi la voix de la raison, la voix de la sagesse. Mieux,
c’est la voie dessalinienne. |