A Ouanaminthe, ce mardi 7 janvier 2014, s’est tenue la première
réunion de la Commission binationale formée sur la proposition
du président du Venezuela, Nicolas Maduro, lors de la réunion de
l’ALBA en décembre de l’année dernière. Du côté d’Haïti, le
pouvoir s’est fait représenter en majorité par des membres de
son gouvernement, à savoir : le Premier ministre, Laurent
Lamothe, les ministres, Wilson Laleau, de l’Economie et des
Finances, également ministre a i du Commerce et de l’Industrie ;
David Bazile de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales ;
Pierre Richard Casimir, des Affaires Etrangères et des Cultes ;
et de l’économiste Nesmy Manigat ; des représentants du secteur
privé ; des organismes de défense des droits de l’homme et de la
communauté internationale, notamment le Venezuela, la CARICOM
également présents à titre d’observateurs.
Selon les informations communiquées de la presse, l’objectif de
cette réunion est claire : entamer une série de discussions sur
la question migratoire, le marché binational, le commerce au
niveau de la frontière, la sécurité frontalière entre autres. La
question de la décision raciste, discriminatoire de la Cour
constitutionnelle dominicaine prise à l’endroit des Dominicains
d’origine haïtienne n’ayant pas été à l’ordre du jour. Alors
pourquoi la formation d’une autre commission se demande-t-on ;
vu qu’une Commission binationale avait été constituée, il y a
déjà 10 ans pour traiter les problèmes mentionnés ci-dessus !
Pour le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR), Haïti
doit continuer à dénoncer l’arrêt de la Cour constitutionnelle
dominicaine, en dépit de la formation de cette commission et des
discussions engagées aujourd’hui à la frontière.
« Nous pouvons continuer à dénoncer cette décision qui pose un
problème majeur à l’Etat de droit et du respect des droits de
l’homme en République Dominicaine, et nous avons l'obligation
de dénoncer un tel acte qui peut être dangereux pour la
République Dominicaine et tous les pays de la Caraïbe » a
déclaré le coordonnateur du GARR, Jean Baptiste Azolin.
Toutefois, Jean-Baptiste Azolin maintient qu’Haïti ne peut pas
engager de négociation avec la République voisine autour de cet
arrêt en raison que ce problème ne concerne qu’un groupe de
Dominicains dont l’Etat dominicain viole leur droit.
Concernant les thématiques débattues lors de la réunion de ce
mardi, le responsable du GARR dit espérer que les autorités
haïtiennes arriveront à négocier effectivement sur plusieurs
questions qui posent toujours problème avec la République
Dominicaine, notamment les questions migratoires, le commerce
et la politique.
Toutefois, il s'est dit « prudent » par rapport à la formation
de la commission bilatérale haïtiano-dominicaine, par le fait
qu’une commission bilatérale avait déjà été formée depuis
environ 10 ans autour des mêmes problèmes. En prélude de la
réunion du mardi 7 janvier, une rencontre s’était déroulée dans
l'après-midi du lundi 6 janvier à Port-au-Prince entre les
membres de la commission gouvernementale pour le dialogue
binational et plusieurs groupes de la société civile notamment
le GARR.
Le mandat de la commission bilatérale haïtiano-dominicaine est
de « trouver un consensus et des solutions acceptables en vue de
vider tous les contentieux entre les deux pays sur les questions
migratoires, les échanges commerciaux, la sécurité frontalière
et la régularisation des marchés binationaux », avait indiqué un
communiqué du gouvernement Martelly-Lamothe. Le président du
Venezuela Nicolas Maduro, sous la direction duquel cette
commission a pris naissance, a déclaré que les Haïtiens sont
"nos frères aînés et quiconque se met en face d’Haïti se met
également en face du peuple vénézuélien ». Il a fait cette
déclaration, le 23 décembre 2013, lors d’une interview accordée
à un journal en ligne du parti socialiste uni du Venezuela (PSUV),
autour du conflit entre Haïti et la République Dominicaine,
suite à l’arrêt 168-13 dénationalisant des Haïtiens d’origine
haïtienne.
« Ils sont nos frères aînés et heureusement la République
Dominicaine a fait preuve de sagesse en établissant un
calendrier à partir de maintenant pour faciliter le dialogue »,
a-t-il- expliqué. Le président vénézuélien a indiqué que dans le
cadre du dialogue qui doit débuter le 7 janvier 2014 entre les
représentants des deux pays de l’ile, il va nommer un envoyé
spécial qui a pour but notamment de veiller à ce que les droits
fondamentaux des descendants haïtiens soient respectés et
garantir à ce que les différends entre les deux pays soient
résolus.
Plusieurs autorités dominicaines ne voient pas d’un bon œil cet
avertissement de Nicolas Maduro notamment le chef de la Force
nationale progressiste (FNP) Vinicio Castillo. M Castillo a dit
que cette déclaration montre que le dialogue se fera contre les
intérêts de la République Dominicaine. Aussi a-t-il appelé à la
suspension du dialogue entre les deux pays. |