L’Accord contesté d’El Rancho du 14 mars 2014 a
contribué à la survie du pouvoir Tètkale de
Martelly et du gouvernement Laurent Lamothe,
leur facilitant l’opportunité d’un nouveau
remaniement ministériel. Ce remaniement
ministériel n’est qu’un bricolage qui a placé
Haïti, pour la première fois, à la tête d’une
liste de gouvernement la plus pléthorique
connue : 43
ministres et secrétaires. Comparez avec le
gouvernement français passé de 37 à 16
ministres, les Etats-Unis qui ont un
gouvernement qui compte 23 membres et celui du
Venezuela qui en compte 29.
Ce gouvernement compte également 7
anciens officiers des défuntes Forces Armées
d’Haïti en l’occurrence : Lener Renauld au
ministère de la Défense, remplaçant à ce poste,
l’ex-sénateur, Rodolph Joazil ; Himler Rébu,
ministre de la Jeunesse, des Sports et l’Action
civique, en remplacement de Maggalie Adolph
Racine ; Réginald Delva, ex-secrétaire d’Etat à
la Sécurité publique muté au ministère de
l’Intérieur et des Collectivités Territoriales ;
Jean Renel Sanon, conserve son poste-feuille au
ministère de la Justice et de la Sécurité
publique. Malgré toutes les dérives qui lui sont
reprochées : la main mise sur l’appareil
judiciaire, l’utilisation des avocats de l’Etat
pour libérer le narcotrafiquant Evinx Daniel, sa
participation à la réunion avec le juge Jean
Serge Joseph qui a coûté la vie à ce dernier, sa
complicité dans l’évasion de l’épouse Sonson La
Familia à la prison des femmes de Pétion-ville,
l’utilisation de l’appareil d’État à des fins
personnelles. Il est le seul rescapé des
ministres interpellés par le Sénat de la
République et à la fin de cette séance 14
sénateurs sur 19 avaient voté contre le maintien
de Jean Renel Sanon au ministère de la Justice.
Il a été reconduit par le Premier ministre
Laurent Lamothe.
Les secrétaires
d’Etat, Pierre Michel Lubin et Neptune Pierre
Estanislas Cantave respectivement secrétaire
d’Etat au ministère de l’Intérieur et à la
Sécurité publique. Ce gouvernement compte aussi
4 ministres délégués auprès du Premier ministre.
Ce
remaniement répond explicitement à un projet
idéologique et politique visant la restauration
de l’ancien régime dictatorial dans le pays. Les
ex-officiers de l’Armée d’Haïti vassalisée par
la dictature des Duvalier sont actuellement à la
tête des ministères régaliens, au moment où le
président Martelly manifeste sa volonté de
rétablir la dictature. En plus de ce projet
macabre, deux autres tendances ont dominé la
formation de ce remaniement ministériel : le
népotisme et la Communauté internationale ;
Monique Rocourt, Nesmy Manigat, Duly Brutus et
autres ont été respectivement imposés aux
ministères de la Culture, de l’Education
Nationale et la Formation Professionnelle et des
Affaires étrangères et des Cultes par des
proches du pouvoir. Duly Brutus, ancien député
du PANPRA de Serge Gilles, actuellement du parti
Fusion des sociaux-démocrates, représentant
d’Haïti à l’Organisation des Etats-Américains
(OEA) depuis le
coup d’Etat-kidnapping du 29 février 2004.
Marie
Carmelle Jean-Marie est de retour au ministère
de l’Economie et des Finances sur ordre des
Institutions financières internationales : FMI,
Banque Mondiale, Banque Interaméricaine de
Développement, de l’Union Européenne. Elle est
flanquée de deux secrétaires d’Etat : Ronald
Décembre aux Finances et Alfred Metellus à
l’Economie. Des participants au dialogue de
sourds et des membres du Comité de suivi,
dénommé ironiquement Comité de survie par le
sénateur Wesner Polycarpe ont été aussi
récompensés pour le travail rendu. Le
duvaliériste zélé, le professeur Henry Robert
Sterlin, un ancien ambassadeur haïtien de
Duvalier à Paris et à l’UNESCO.
Lors du retour de Jean-Claude Duvalier,
il s’est autoproclamé porte-parole du dictateur.
Dans une interview au
Nouvelliste, il n’a pas
caché son appartenance politique « je suis le
fils de deux grands duvaliéristes »
Actuellement, il est le représentant d’un
regroupement de groupuscules politiques, dénommé
Consortium de partis politiques proches du
pouvoir tètkale. Il est nommé secrétaire d’Etat
aux Affaires étrangères.
Il est aussi secrétaire à l’Institut
National de Gestion et des Hautes Etudes
internationales (INAGHEI), une entité de
l’Université d’Etat d’Haïti, fermée depuis plus
de 7 mois pour mauvaise gestion.
Patrick Sully Joseph, représentant d’un groupe
de 18 autres groupuscules politiques est nommé
ministre délégué auprès du Premier ministre,
chargé du renforcement des partis politiques, un
poste nouvellement créé. L’ex-colonel des Forces
Armés d’Haïti, Himler Rébu, représentant du
Groupe de Réflexion et d’Evolution d’Haïti
(GREH) idéologiquement proche du pouvoir tètkale
a décroché le poste du ministre de la Jeunesse,
des Sports et de l’Action civique. Malgré ça, il
a été secondé par une autre fidèle du président
Martelly, Gabrielle Yacinthe à titre de
Secrétaire d’Etat. Elle était un agent de
l’Exécutif à la mairie de Port-au-Prince et
ex-directrice générale au Collège Transitoire du
Conseil Electoral Permanent (CTCEP).
L’ex-sénateur Rudy Hériveaux de l’Union pour
Haïti, représentant du parti Confiance au
dialogue a été récompensé du poste misérable de
ministère de la Communication. Il est assisté
par un poulain du président Martelly, Hérold
Israël, révoqué récemment pour malversation à la
caisse d’Assistance Sociale (CAS). Rudy
Hériveaux a déjà dévoilé son vrai visage de
propagandiste. Sur un un ton macoute, il évoque
la «campagne d’intoxication» de certaines
presses à l’endroit du président de la
République, du Premier ministre, des ministres,
des secrétaires d’Etat et de cadres de
l’Administration publique. Selon lui cette
campagne a pollué le terrain politique. Il se
propose d’enrayer cette mécanique infernale,
selon lui, de désinformation. De l’avis de plus
d’un, Rudy Hériveaux est placé à la tête de ce
ministère pour poursuivre les tentatives de
museler la presse haïtienne. De toute façon la
vigilance citoyenne a déjà fait échec à toute
tentative de bâillonner la presse.
La Primature de son côté a annoncé le
renforcement de ses structures de communication
avec l’ex-ministre de la Justice, Michel Pierre
Brunache. En outre, Deus Jean François ex-député
de Petit-Goâve, membre de MDN du feu Hubert
Déronceray a été également récompensé pour
service rendu au pouvoir tètkale dans l’affaire
opposant la famille Duverseau à celle de
Florestal dans laquelle le pouvoir veut à tout
prix impliquer Me. André Michel.
Voici donc la liste des membres de ce
gouvernement :
• Laurent Salvador Lamothe, Premier ministre et
ministre de la planification et de la
coopération externe
• Duly Brutus, ministre des affaires étrangères
et des cultes (prédécesseur Pierre-Richard
Casimir)
• Jean Renel Sanon, ministre de la justice et de
la sécurité publique
• Réginald Delva, ministre de l’intérieur et des
collectivités territoriales (prédécesseur David
Basile)
• Marie-Carmelle Jean-Marie, ministre de
l’économie et des finances (prédécesseur Wilson
Laleau)
• Jacques Rousseau, ministre des travaux
publics, transports et communications (maintenu)
• Thomas Jacques, ministre de l’agriculture, des
ressources naturelles et du développement rural
(reconduit)
• Wilson Laleau, ministre du commerce et de
l’industrie (reconduit)
• Stéphanie Balmir Villedrouin, ministre du
tourisme et des industries créatives
(reconduite)
• Nesmy Manigat, ministre de l’éducation
nationale et de la formation professionnelle
(prédécesseur Vanneur Pierre)
• Florence Duperval Guillaume, ministre de la
santé publique et de la population (reconduite)
• Charles Jean-Jacques, ministre des affaires
sociales et du travail (reconduit)
• Monique Rocourt, ministre de la culture
(prédécesseure Josette Darguste)
• Rudy Hériveaux, ministre de la communication
(prédécesseure Josette Darguste)
• Yannick Mézile, ministre à la condition
féminine et aux droits des femmes ;
• Lener Renauld, ministre de la défense
(prédécesseur Rodolphe Joazile)
• Himler Rébu, ministre de la jeunesse, des
sports et de l’action civique (prédécesseure
Magalie Adolphe Racine)
• Jean-François Thomas, ministre de
l’environnement (reconduit)
• François Guillaume II, ministre des haïtiens
vivant à l’étranger (prédécesseur Pierre-Richard
Casimir)
• Marie-Carmelle Rose-Anne Auguste, ministre
déléguée auprès du Premier Ministre, chargée des
droits de l’homme et de la lutte contre la
pauvreté extrême (reconduite)
• Marie Mimose Félix, ministre déléguée auprès
du Premier ministre, chargée de la promotion de
la paysannerie (reconduite)
• René Jean-Jumeau, ministre délégué auprès du
Premier ministre, chargé de la sécurité
énergétique (reconduit)
• Patrick Sully Joseph, ministre délégué auprès
du Premier Ministre, chargé du renforcement des
partis politiques
Les Secrétaires d’Etat :
• Henry Robert Sterlin, Secrétaire d’Etat aux
affaires étrangères ;
• Pierre Estanislas Cantave Neptune, Secrétaire
d’Etat à la sécurité publique (prédécesseur
Réginald Delva)
• Philippe Cinéas, Secrétaire d’Etat aux travaux
publics, transports et communications
(reconduit)
• Ronald Décembre, Secrétaire d’Etat aux
finances (reconduit)
• Alfred Métellus, Secrétaire d’Etat à
l’économie (nouveau)
• Robert Labrousse, Secrétaire d’Etat à la
coopération externe (reconduit)
• Michel Presumé est nommé Secrétaire d’Etat à
la Planification ;
• Stanley Honorat, Secrétaire d’Etat à
l’intérieur
• Deus Jean-François, Secrétaire d’Etat aux
affaires politiques
• Pierre Michel Lubin, Secrétaire d’Etat aux
collectivités territoriales
• Hérold Israël, Secrétaire d’Etat à la
communication
• Pierre André Gédéon est nommé Secrétaire
d’Etat à l’environnement
• Michel Chancy, Secrétaire d’Etat à la
production animale
• Fresner Dorcin, Secrétaire d’Etat à la
production végétale
• Vernet Joseph, Secrétaire d’Etat à la relance
agricole
• Marina Gourgue, Secrétaire d’Etat à la
formation professionnelle (reconduite)
• Colombe Emilie Gessie Ménos, Secrétaire d’Etat
au Tourisme
• Oswald Thimoléon, Secrétaire d’Etat à
l’Alphabétisation (reconduit)
• Gérald Oriol, Secrétaire d’Etat à
l’intégration des personnes handicapées
(reconduit)
• Gabrielle Hyacinthe, Secrétaire d’Etat à la
jeunesse et à l’action civique
Ce remaniement n’est autre qu’un
bricolage pour satisfaire des petits amis et des
politiciens n’ayant pour repère que leur bas
ventre, a soutenu le sénateur Andrice Riché. De
responsables politiques aux simples citoyens des
rues n’ont aucune confiance dans ce
gouvernement. « Je vous garantis que ce
remaniement ministériel n’apportera rien pour la
population qui vit quotidiennement dans le
chômage, la misère, la faim, l’exclusion,
l’insécurité alimentaire et l’insécurité des
rues. En aucune manière, il ne peut réduire les
disparités sociales et rétablir confiance au
sein de la population », a déclaré un citoyen
avisé. |