Des milliers de citoyens ont
manifesté dans les rues de Port- au- Prince ce
mardi 15 avril pour exiger la démission du
Président Michel Martelly, partis du Bel-Air,
longeant Le boulevard La Saline, puis Delmas,
ensuite l’avenue Martin Luther King ou Nazon
pour essayer enfin d’aboutir à leur destination
finale qui devait être devant le palais national
au champ de mars.
Signalons que c’est avec une
pluie de gaz lacrymogènes et de fortes
détonations de balles que la police nationale
d’Haïti a accueilli les manifestants au Champ de
mars ; c’est ce qui explique qu’ils n’ont pas pu
arriver devant le palais.
La veille, 50 manifestants ont
piqueté devant le siège militaire de la force
d'occupation forte de 9000 soldats, formant la
Mission des Nations Unies pour stabiliser Haïti
ou MINUSTAH , exigeant qu'ils quittent Haïti à
la date d'échéance du 28 mai 2014 fixée par le
Sénat haïtien, il y a un an ; quand le 16 avril,
des centaines de paysans de l'île du sud de
l'Ile à Vache envisagent de marcher contre
l'occupation par la police de leur communauté,
ainsi que le plan du gouvernement de les
expulser pour transformer leur île en un lieu de
villégiature touristique.
Ceci est juste un petit
échantillon des manifestations quotidiennes de
plus en plus grandissante dans le pays. Martelly
et Lamothe seront t-ils en mesure de terminer
leur mandat de cinq ans sans démissionner ?
Meme quand les flammes de la
rébellion ont été attisées cette semaine par
Martelly lui-même, quand il a déclaré devant
une foule de partisans de la vieille ville
méridionale des Cayes : « Je vais vous annoncer
de mauvaises nouvelles ... Nous avons fait
tellement de travaux à travers le pays que les
caisses de l'Etat n'ont plus un sou ».
Malgré des signes évidents de
corruption massive, depuis que le gouvernement
Martelly Lamothe est arrivé au pouvoir en mai
2011, l'annonce a été un choc pour le peuple
haïtien ; vu que l'ancien président René Préval
avait laissé 1,5 milliard de dollars au trésor,
selon l'ancien sénateur Jean Hector Anacacis.
Mais en dépit de cette période
de vaches maigres, le gouvernement a été remanié
le 2 avril par Martelly et Lamothe et,
ironiquement, étendu à 43 ministres et
secrétaires d’État. Il est donc plus nombreux
que les cabinets ministériels, par exemple, de
la France ( 16 ) , des États-Unis (23) , et du
Venezuela ( 29 ) .
En outre, selon le sénateur
Moïse Jean -Charles, le gouvernement Martelly a
gaspillé plus de 3 milliards de dollars des
fonds fournis à Haïti par le Venezuela à travers
l’Accord Petrocaribe, en vertu duquel l'État
haïtien met 40 % de l'argent qu'il paie pour
20.000 barils de pétrole par jour dans un fonds
spécial. Le revenu de l'huile doit être payé au
Venezuela en 25 ans à 1 % d’intérêt.
Le gouvernement haïtien avait
annoncé que 94 % du financement pour les projets
qu'il a entrepris viennent du fonds de
Petrocaribe.
Pendant ce temps, le Président
Martelly a imposé illégalement (c’est à dire
sans l'approbation du Parlement ) $ 1.50 US sur
chaque transfert de fonds internationaux à Haïti
et cinq centimes la minute des appels
téléphoniques internationaux à destination et en
provenance d'Haïti
Des centaines de millions ont
été générés au cours des trois dernières années.
Mais la presse et le public haïtiens ne savent
pas exactement à combien représente cette
montagne de frais recueillis puisque aucune
évidence n'a jamais été prise en compte. (Des
fonctionnaires du Gouvernement ont une fois
claironné que cet argent était consacré à
l’éducation, mais avec les manifestations et la
grève des enseignants impayés et des élèves dans
les rues en colère du fait qu’ils n’ont pas de
professeurs, ils ont finalement admis que
l’argent n'était pas disposé à l’éducation.)
Martelly a considérablement haussé les frais sur
les passeports et autres documents officiels,
revenus qui ont également disparu dans un trou
noir.
« Si Martelly déclare maintenant que les
caisses de l'Etat sont vides , qu'est-ce qu’il a
fait du montant qui y était? » demande Mirlande
Manigat , le Secrétaire général du Rassemblement
des démocrates nationaux progressistes ( RNDP )
, qui avait perdu aux élections truquées du 20
mars 2011 face à Martelly . « Le public doit
exiger une comptabilité claire » réclame t-elle.
L’Économiste Camille Chalmers de
la Plateforme haïtienne du Développement
Alternatif ( PAPDA ) pour sa part a qualifié les
remarques de Martelly « de totalement
irresponsables » et prédit qu’il est le
précurseur de la « situation chaotique qui en
résulte quand le gouvernement ne peut pas faire
face à ses obligations ». La situation
désespérée des masses affamées en Haïti est
susceptible de s’approfondir, a déclaré Chalmers,
en particulier dans le Nord-Ouest aride qui est
déjà en proie à une grave pénurie alimentaire.
« Le
président Martelly a admis qu’il a volé l'argent
du trésor public haïtien et les caisses
publiques n’ont maintenant plus d'argent », a
déclaré Biron Odigé , un leader des Forces
patriotiques pour le respect de la Constitution
( FOPARK , qui avait appelé à la mobilisation du
15 avril avec le Mouvement démocratique
patriotique ( MOPOD ) . « Il n'y a pas de fonds
pour faire quoi que ce soit dans le pays. Donc,
aujourd’hui, notre conviction est renforcée.
Plus de gens dans cette mobilisation prennent
conscience de la lutte qui se livre aujourd'hui.
Il n'y a pas d'alternative : Martelly doit
démissionner » .
Oxygène David , un dirigeant de
la coordination Dessalines ( KOD ) , un nouveau
parti nommé d'après le père fondateur d'Haïti ,
a déclaré que les élections annoncées pour le 26
octobre sont impossibles sous Martelly et la
MINUSTAH. « Martelly s'est avéré trop corrompu
pour diriger un gouvernement, organiser un
carnaval, ou pour organiser une élection en
particulier », a déclaré David. « Mais sa main
est juste reliée au bras armé de l’impérialisme
qui est la MINUSTAH. Ricardo Seitenfus, l'ancien
ambassadeur de l'OEA [Organisation des États
américains] a clairement souligné dans son livre
que l’OEA et l'ONU avaient imposé Martelly au
pouvoir. Ils feront de nouveau la même chose
dans toutes les élections futures qu’elles
superviseront . Par conséquent, pour qu’il y ait
des élections libres , justes et souveraines en
Haiti, il faudrait coûte que coûte, que Martelly
et la MINUSTAH quittent le pays ».
Depuis le 7 avril KOD a tenu une
série de sit-in devant la plus grande base de la
MINUSTAH à l’aéroport de Port -au-Prince chaque
lundi matin. C’est en partie un appel à une
grande coalition visant à mobiliser la pression
internationale pour forcer le retrait de l'ONU
en Haïti.
Voici
la Position de KOD sur le développement de la
politique actuelle.
Nous avons
constaté que le gouvernement macouto-bourgeois
de Martelly est en train de rebattre ses cartes
en formant un nouveau cabinet constitué
d’anciens reclus duvaliéristes, mitigé par des
politiciens sans conviction comme pour bluffer
la Nation.
Ce soi-disant cabinet n’est autre que le
résultat d’un dialogue entre les sourds sous la
houlette impérialiste que l’Eglise Catholique
s’était chargée de mener afin de tirer
d’embarras le genre de gouvernement que la
papauté et les grandes puissances du monde
toujours souhaité encourager.
KOD affirme que ce gouvernement de maquillage
n’est pas de nature à apporter le changement que
réclame le peuple haïtien puisqu’il ne recèle
dans son sein que les mêmes protagonistes qui de
tout temps ont toujours voulu que le sous
développement, la misère et la faim soient le
lot de cette majorité qui leur enlève le
sommeil. A l’ONA par exemple, le peuple haitien
réclame la mise à pied de Bernard Desgraffe pour
malversation, gaspillage alors que ses patrons
ne voient aucun inconvénient à ce que Desgraffe
continue ses coudées à l’ONA. Vous tenez à ce
qu’il parte.
KOD avoue que c’est une honte pour Haiti que de
nos jours notre pays soit dirigé par un
gouvernement qui recèle dans son sein que des
kidnappeurs, dealers de drogues, violeurs etc
Les Etas Unis, la France, le Canada sont donc
bien responsables que Haiti soit dans cet état.
Ce n’est que le couronnement de leurs efforts
de destabilisation à travers deux coups d’Etat
qui ont démantelé la mobilisation populaire qui,
depuis 1986, oeuvre pour que les choses
changent.
Ce sont eux qui, depuis 2004, en complicité avec
la classe dominante macouto-bourgeoise
maintiennent le pays sous une occupation
militaire afin que le changement tant souhaité
par le peuple ne prenne pied au pays. La preuve
est qu’ils ont offert pleine garantie à Jean
Claude Duvalier pour qu’il retourna en Haiti,
lui que les masses populaires avaient chassé.
Leurs manoeuvres sont nombreuses
pour que la situation soit ainsi ; la Minustah
n’avait-elle pas remplacé le conseil électoral ?
La Minustah n’avait-elle pas voté à la place du
peuple haitien pour nous donner Martelly, de
sorte que le gouvernement soit
macouto-bourgeois ?
De toute façon, le KOD n’a rien
à espérer d’un pareil gouvernement, sauf le
démanteler pour libérer Haiti d’une telle
pourriture. Nous exigeons le départ de Martelly
et de Lamothe qui se révèlent les vrais
représentants de l’alliance
duvaliero-macouto-bourgeoise. Pareil cauchemar,
au lieu de nous désarmer ne fait que nous
inciter à demander le jugement de Jean-Claude
Duvalier et aussi justice pour tous les paysans
victimes du génocide de François Duvalier le 5
avril 1969 à Cazale.
1e Juin 2014, 10 ans
bientôt depuis que la Minustah s’est installée
dans le pays. 10 ans depuis que les soldats de
la Minustah répriment le peuple, violent nos
femmes et nos enfants des deux sexes. Elle a été
jusqu’à nous apporter cette épidémie de cholera
qui a déjà tué plus de 8 millions de nos
concitoyens, quand 800 mille autres actuellement
à l’hôpital n’en sont pas guéris.
Le KOD dénonce ce gouvernement
restavèk qui préfère dédouaner les Nations-Unies
au lieu de défendre les victimes qu’il était
censé représenter.
KOD ne veut guère rester passif
pour assister à toutes ces flétrissures. Voilà
pourquoi il a été décidé d’organiser une série
de sit-in, commencé depuis le lundi 7 avril
dernier, journée anniversaire de la mort de
Toussaint Louverture à Fort de Joux, kidnappé
par la France, jusqu’au lundi 26 mai pour exiger
le départ de la Minustah.
Le rendez-vous est pour chaque
lundi devant la base des Nations-Unis à Tabarre
de 10 heures du matin jusqu’à midi.
Le but du sit-in est pour dire :
Non à l’occupation du pays par
la Minustah
Non aux impérialistes et leur
tchoul qui pillent les richesses du pays.
Non à la politique pezesouse de
la FMI et de la Banque Mondiale établies dans le
pays.
Non au pillage des ressources
minières du pays.
KOD demande également justice et
dédommagement pour toutes les victimes du
cholera et des actes de violences de toutes
sortes en Haiti.
KOD invite toutes les
organisations populaires, les forces
progressistes et tous les autres citoyens que
ces crimes requièrent de se donner le bras pour
la réalisation de ces sit-in.
De bouche à oreille, faites passer le message :
chaque lundi de 10hres à midi, du 7 avril au 26
mai devant la base de la Minustah sur la route
de Claircine à Tabarre. Il nous faut débarrasser
le pays de ces occupants et les forcer à payer
leurs forfaits. |