De retour des funérailles de deux victimes du
pouvoir tetkale Martelly-Lamothe à Miragoane :
Fritz Gérald Civil et Mackenlove Bien-Aimé, le
jeudi 8 mai dernier, le sénateur Moïse Jean
Charles, l’opposant farouche à la poussée
anti-démocratique du président Michel Joseph
Martelly, a été victime une fois encore d’une
tentative d’assassinat et de séquestration au
niveau de Gressier, sur la route nationale #2.
Il était dans un véhicule de location accompagné
de plusieurs autres membres d’organisation
populaire. Arrivé devant le sous-commissariat de
la commune de Gressier, il a été stoppé par des
hommes lourdement armés, prétendant être à la
recherche d’un individu qui serait à bord de ce
véhicule.
Ces individus armés ont présenté au sénateur
Moïse Jean Charles un prétendu mandat qu’il a
refusé de recevoir. Ils ont alors intimé l’ordre
au sénateur Moïse Jean Charles, jouissant de
l’immunité parlementaire, d’entrer à l’intérieur
du sous-commissariat. Le parlementaire a refusé
et c’est alors que les hommes armés ont appelé
au renfort. Il a été maltraité, bousculé par des
bandits légaux de Michel Martelly. On a vu
arriver des agents du Corps d’Intervention de
Maintien de l’Ordre (CIMO) accompagnés d’un juge
de paix.
Joint par téléphone, le sénateur Moïse Jean
Charles a déclaré : « Nous sommes de retour des
funérailles d’un militant politique de Fanmi
Lavalas, Fritz Gérald Civil et d’un élève, Mackenlove Bien-Aimé, deux victimes du régime
tètkale Martelly-Lamothe. Arrivé ici devant le
sous-commissariat de Gressier, j’ai été victime
d’une tentative d’assassinat et de séquestration
par un groupe de bandits légaux de Martelly. Je
ne sais pas si ces hommes armés et cagoulés sont
des policiers parce qu’ils ne portent pas
d’uniforme de la Police Nationale d’Haïti. Les
policiers en poste au sous-commissariat de
Gressier disaient qu’ils ne savaient rien de ce
qui se passe actuellement. J’ai passé environ 3
heures de temps devant le sous-commissariat,
attendant l’arrivée d’une délégation sénatoriale
conduite par le président du Sénat Desras Simon
Dieuseul ».
Au Sénat, de la République, les
sénateurs s’apprêtaient à tenir séance avec un
ordre du jour dans lequel étaient inscrites la
loi de finance révisée et la loi électorale, a
déclaré le sénateur Andris Riché, vice-président
du bureau du Sénat. C’est brusquement qu’on nous
a informés de cet incident regrettable.
Immédiatement après l’incident, les 20 sénateurs
se sont réunis pour adopter une position commune
contre les agressions des hommes armés à
l’encontre de Moïse, et ainsi, ont-ils invité le
directeur général de la PNH, Godson Orélus à
venir s’expliquer. Il faut rappeler toutefois
que c’est au début du mois d’avril de l’année en
cours que Fritz Gérald Civil et Mackenlove
Biean-Aimé ont été tués lors des manifestations
de la population de Miragoâne. Fritz Gérald
Civil a été tué par deux policiers qui les ont
poursuivis pendant plus de 5 km à bord d’une
moto. Mackenlove Bien-Aimé lui, a été asphyxié
par du gaz lacrymogène au moment où il sortait
de l’école. Les funérailles des deux victimes du
pouvoir tètkale Martelly-Lamothe ont été
chantées le jeudi 8 mai 2014 sur fond de
manifestation anti-Martelly. Ce jour-là des
milliers de personnes ont gagné les rues de la
ville de Miragoane pour protester contre
l’assassinat odieux de ces deux jeunes. Les
manifestants exigeaient le départ de Martelly
qui s’associe aux kidnappeurs, dealers de drogue
et criminels de grand chemin. « Nous n’irons pas
aux élections avec des dealers de drogues, des
kidnappeurs, des criminels qui sont à la tête de
l’Etat d’Haïti. A bas Martelly ! A bas les
kidnappeurs ! A bas les dealers de drogue !
Martelly doit partir. Martelly, où se trouve
Daniel Evinx ? Où se trouve Mme Sonson La
Familia ? »
Le même jour, le numéro 1 du gang de
kidnappeurs, dénommé « Gang Galil », Woodly
Ethéart alias Sonson La Familia a décidé de se
rendre à la justice, accompagné de son avocat,
Claudy Gassant. Après des heures d’audition au
cabinet d’instruction du juge Sonel Jean
François, ce dernier a jugé nécessaire de
décerner un mandat de dépôt contre lui et il a
été conduit à la prison civile de
Croix-des-Bouquets par des policiers de la
Direction Centrale de la Police judiciaire
(DCPJ). La veille, le chef de gang Sonson La
Familia avait dénoncé le Premier ministre
Laurent Lamothe qui l’aurait livré à la justice
et en a profité pour faire allusion à une
quelconque rivalité sourde entre Lamothe et
Martelley.. Il a confirmé qu’il est un employé
du ministère de l’Intérieur et des Collectivités
Territoriales à titre de responsable des
relations avec des
bases.
De l’avis de maints observateurs, la tentative
d’assassinat sur la personne du sénateur en
fonction, Moïse Jean Charles est un acte
planifié par le pouvoir tètkale dans le but
d’étouffer l’affaire Sonson La Familia qui
défraie la chronique. D’autres voient dans cet
incident une tentative d’intimidation tendant à
essayer de freiner le mouvement de protestation
contre le pouvoir Tètkale. Peut-on parler d’Etat
de droit en Haïti sous un tel régime qui utilise
la justice pour persécuter les opposants
politiques et laisser le champ libre aux
kidnappeurs, dealers de drogue ?
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