C’est
sur le compte Twitter de la présidence dominicaine que
la presse haïtienne a découvert que son président allait
rencontrer son homologue de l’ile voisine. On pouvait
lire en effet : « Danilo Medina et Michel Martelly se
rencontreront mardi à Barahona ». N’est-ce pas une autre
et grave dérive de non-respect de Martelly à l’égard de
la nation ? C’est le porte-parole du gouvernement
dominicain
et chef de la direction de
communication de
la présidence, Roberto Rodriguez Marchena qui a dévoilé
le secret en nous informant que le Mardi 13 Octobre à 11
hres du matin, Martelly serait en Dominicanie pour
discuter de questions d'intérêt commun aux deux pays.
C’est à l’aéroport María Montez
que la réunion
s’est tenue à partir de 11 :10. Les objectifs ont été
clairs comme l’avait expliqué Rodriguez Marchena. Il
s’agissait entre autres choses de « la levée de
l’interdiction» d’entrée en Haïti de 23 produits en
provenance de la République dominicaine.
Pourquoi Martelly n’a-t-il pas jugé bon de mettre
la nation au courant de cette rencontre ? Si le voisin
ne l’avait rendue publique, personne dans le pays, sauf
son entourage et ses complices auraient su qu’il devait
aller en République Dominicaine. Tout ce qui se fait en
catimini, c’est pour cacher, qu’on le veuille ou non,
une affaire louche. Pour ce faire, Martelly était
accompagné entre autres de Lener Renauld Ministre des
affaires Étrangère, de Wilson Laleau, Ministre de
l'Économie et des Finances, de Jude Hervé Day, Ministre
du Commerce et de l'Industrie, d’Ardouin Zéphirin,
Ministre de l'Intérieur, de Mario Dupuy. Ministre de la
Communication et de Michel Chancy, Secrétaire d'État à
la production animale ainsi que quelques
officiels de l'Ambassade d'Haïti en République
Dominicaine ; sans oublier M. Romeo Halloun conseiller
du ministre Lener Renauld et son chef de cabinet
Madelain Fils aimé ; l’Ambassadeur Légine Lamur,
secrétaire technique de la Commission mixte bilatérale
et l’Ambassadeur
Idalbert Pierre, Directeur des affaires.haitiano-
dominicaines.
Danilo Medina de son côté était flanqué de son ministre
des Affaires étrangères, Andrés Navarro, du ministre de
l’Industrie et du Commerce, José del Castillo Saviñon,
du ministre de l’Intérieur, José Ramón Fadul, du
ministre de la Présidence de la République dominicaine,
Gustavo Montalvo et du directeur des douanes, Fernando
Fernández.
Étrange rencontre s’il en fut, puisque après avoir pris
la décision d’interdire l’entrée par voie terrestre sur
le sol haïtien de 23 produits en provenance de la
République dominicaine, Martelly lui-même encore prenait
l’initiative de cette rencontre. Comment se fait-il que
ce soit lui qui ait demandé à rencontrer son homologue,
lui qui avait pris les mesures et non pas la victime de
la mesure d’interdiction? Étrange affaire !
Des observateurs politiques y voient une affaire louche
et ont même souligné que cette rencontre faite à la
demande des mercenaires haïtiens au pouvoir n’est qu’une
récidive de Martelly pour soutirer de l’argent des
dirigeants dominicains comme il l’avait fait au cours de
sa campagne électorale.
Mais à bien regarder, combien de fois Martelly a-t-il
demandé une rencontre à la présidence de l’ile voisine
pour discuter des questions relatives à la loi de
septembre 2013, rétroactive, qui a enlevé la nationalité
dominicaine à des enfants nés de parents haïtiens sur le
sol dominicain ? Pas une seule fois.
Martelly a-t-il jamais demandé une rencontre de ce genre
pour exiger des informations sur la mort, le jeudi 8
octobre, de 3 Haïtiens en République dominicaine ?
Jamais.
Même la bourgeoisie n’a pas été mise au courant de cette
rencontre. « Je n’ai pas été invité. J’ai appris cela
par la presse, comme vous », a fait savoir le président
du forum économique du secteur privé, Grégory Brandt.
Christopher Handal pour sa part affirme par prudence :
« Je ne veux pas
faire de supposition parce qu’on a rien d’officiel »
« L’ADIH n’était pas au courant et est très surprise de
la tenue de cette rencontre » a souligné Mme Marie
Louise Russo et « souhaite
que le gouvernement maintienne sa position »
Le dirigeant du
Collectif 4 Décembre Jean Robert Argant a également
critiqué la démarche présidentielle : « Haïti est un
pays, j’ai failli dire souverain, mais qui a quand même
une certaine indépendance qui n’a pas à justifier des
mesures prises pour protéger ses citoyens. Il est du
ressort du gouvernement de protéger la santé de ses
citoyens et d’organiser ses entrées financières parce
qu’il a à gérer les conséquences de mesures prises par
les autorités dominicaines vis- à-vis des ressortissants
Haïtiens »
Les vraies raisons de cette réunion nous le saurons sans
doute après les élections-sélections quand on aura
découvert combien d’argent la mafia présidentielle en
Dominicanie a investi pour la continuité d’une politique
économique défavorable, sinon nuisible à la communauté
haïtienne, pour la continuation d’une politique hostile
à l’endroit de citoyens dominicains nés de parents
haïtiens et également à l’endroit de compatriotes.
Souhaitons que la journaliste dominicaine Nunia Piera
nous révèle éventuellement le pot aux roses, disons
plutôt la nature vénale de cette rencontre.
|