Au cours la journée du mardi
17 mai dernier, les membres de la Commission Centrale
Electorale de l’UEH ainsi que les candidats se sont
retranchés incognito dans l’intimité d’une chambre à
Babiole, un quartier situé à l’est de la capitale
haïtienne. Simple question de sécurité renforcée bien
avant que les éventuels électeurs puissent s‘adonner au
choix d’un nouveau recteur.
Yo bijo pentad, car dans la nuit du
dimanche 15 au lundi 16 mai les sbires de Guy Phlippe à
la solde de cette oligarchie de trafiquants de toutes
sortes ont attaqué le commissariat des Cayes. Bilan :
assassinat d’un agent de l’Udmo et quatre blessés dans
les rangs de la police. Et cette pagaille a gagné tout
Port-au-Prince en l’espace d’un clin d’œil, vu que
pendant la journée quatre personnes sont tombées sous
les projectiles des déstabilisateurs de 2004.
C’est ce qui justifie, cette fois-ci, que c’est à
la maison de la recherche, que les membres du Conseil de
l’université ont procédé à l’élection de Fritz
Deshommes, Hérold Toussaint et de Jacques Blaise. Cette
trinité aura la lourde charge d’influencer en profondeur
les destinées de l’Université d’Etat d’Haïti pendant au
moins les quatre années à venir.
Pour ceux et
celles qui suivent de près les remous de l’actualité
locale, la commission centrale électorale a loupé bien
des rendez-vous avant que soient enfin tenues ces
élections qui ont vu Fritz Deshommes franchir les
échelons administratifs de vice-recteur aux affaires
académiques à celui de recteur. Ces joutes n’étaient
pourtant pas aussi faciles qu’on pouvait l’imaginer.
Au décompte des voix au premier tour, la
différence n’était que de deux voix seulement entre les
deux prétendants, en l’occurrence Allain Gilles et Fritz
Deshommes. Ce dernier a été vainqueur du premier à
l’issue du 2ème tour, avec un écart de 10
voix, ce qui l’habilitait automatiquement à devenir la
plus haute autorité de l’Université d’État d’Haïti.
Tirer l’UEH des abîmes de la déchéance où
l’a plongé Jean Marie Paquiot ainsi que ce même
Deshommes lesquels confondaient leur poste à celui d’un
vulgaire chenapan, dans le cadre de la stratégie GNB
pour parvenir à l’extermination des masses populaires et
au contrôle exclusif de tous les pouvoirs, ne sera pas
une mince affaire. Si l’on en croit ses premières
déclarations, le recteur GNB a laissé entendre qu’il
compte enclencher le processus d’institutionnalisation
de l’UEH et obtenir l’adoption de la loi organique
devant réglementer le fonctionnement de celle-ci.
Men
tout se pawòl van lè n konsidere GNB pa janm itil peyi a
anyen apa Minista Kolera k ap mache vyole timoun, vòlè
bagay moun, touye militan nan katye popilè yo.
Alors ayant la tête qui lui tourne subitement
sous l’effet de ce pouvoir nouvellement acquis comme
recteur de l’UEH, ce
Fritz Deshommes promet monts et merveilles ilico « Je
vais mettre à exécution le plan stratégique de l’UEH,
élaboré en 2011, qui entrevoit, entre autres,
d’améliorer les conditions de travail des professeurs et
du personnel administratif. L’avenir des étudiants est
aussi une de nos priorités car, bien souvent, ils sont
hantés par l’inquiétude du lendemain », a-t-il fait
savoir. Augmentation de salaire du personnel
administratif, modernisation des cursus, amélioration
des conditions de travail des professeurs, entre autres,
sont autant de défis qui attendent le nouveau recteur.
L’on ne doit surtout pas omettre que ces
joutes se sont déroulées dans un climat
d’appréhension
permanente sachant que des contestataires insoumis tels
les professeurs et les étudiants peuvent envahir les
lieux pour chambarder la tenue de ces « élections ». C’est pourquoi, les membres du Conseil de l’université
ont organisé ce suffrage
nan yon atmosfè
bouyi vide.
Les contestataires
Le groupe de
professeurs et les étudiants contestataires n’ont
pourtant pas baissé les bras et donné gain de cause aux
organisateurs qui ne leur inspiraient aucune confiance.
Ils étaient disposés à tout tenter pour parvenir à
boycotter les joutes en s’abstenant d’y prendre part
comme ce fut le cas les 30 mars et 30 avril dernier. De
fausses informations les avaient orientés vers la
Faculté d’agronomie.
Lè yo rive se te malatchong.
Par mesure de précaution, des agents du CIMO
avaient été postés à quelques mètres de l’entrée et une
salle scellée de l’intérieur comptaient parmi les
dispositions prises par le Conseil de l’université pour
assurer un dénouement sans heurts et heureux au
processus. « Après le report sine die des élections du
30 mars et la tentative ratée du 30 avril, il fallait
trouver un moyen de mettre aux commandes de l’UEH un
recteur et deux vice-recteurs élus en toute
transparence. C’est ce qui explique toute cette mise en
place », entendez le déploiement de policiers.
C’est en ces termes que s’est exprimé Rogéda
Dorcé Dorcil qui occupe le poste de président de la
Commission centrale électorale (CCE). Avec un quorum
atteint à l’arraché avec seulement 24 membres du Conseil
de l’université (CU) présents sur un total de 36, la
majorité qualifiée requise par l’article 52 de la charte
électorale était acquise. Après l'appel nominal, doyens,
professeurs et étudiants ont voté, chacun à leur tour,
les nouveaux dirigeants de l’UEH.
Le recteur sortant Jean Henry Vernet, tout en se
sentant soulagé d’avoir déposé ce lourd fardeau qui lui
pesait tellement dessus, nous a déclaré qu’il était
temps pour lui de faire valoir ses droits à la retraite.
Car avec ces 42 ans dans l’enseignement supérieur, et
suite à ses deux mandats dirigeant le Rectorat, il a dit
bien mériter de repos. «
Nous avons franchi un pas important vers le dénouement
de la crise. Je ne m’écroule plus sous le poids de ce
pesant fardeau ». Pour compléter la scène, Hérold
Toussaint et Jacques Blaise ont été élus,
respectivement, aux postes de vice-recteur aux
affaires
académiques et à la recherche. Le professeur Hérold
Toussaint a battu à plates coutures le vice-recteur
sortant, Jean Poincy, sur le score sans appel de 17 voix
contre trois.
« Je vais mettre toute mon énergie au service de
l’université comme je l’ai toujours fait et m’atteler à
résoudre les problèmes de l’heure », a fait remarquer,
tout heureux, M. Toussaint. Le nouveau vice-recteur aux
affaires académiques a promis, par ailleurs, de se
pencher sur le cursus des différentes facultés pour les
moderniser et mieux les adapter à la réalité haïtienne.
Les divergences au sein de l’UEH sont aussi dans la
ligne de mire du professeur Toussaint.
« La communauté a décidé. Moi je vais réfléchir
», a dit Jacques Blaise, ancien doyen de la faculté
d’agronomie élu à 12 voix. L’un des porte-paroles du
Conseil de l’université, Réginald François, a fait
savoir que le rectorat de l’UEH a reçu un exequatur du
parquet de Port-au-Prince pour l’exécution du jugement
en déguerpissement prononcé en leur faveur. Toutefois,
selon lui, le Conseil entend accorder un délai
raisonnable aux étudiants occupant le rectorat
actuellement pour qu'ils laissent les locaux de leur
propre chef.
Une note signée
du Dr. Cadet Jean Claude, Dr Dorcéus Francinor, Dr Marc
Désir, Dr Elie Jean Rénold, Dr Etienne Jean Fritzner, Dr
Lafontant Jacques Guy, Dr Lany Rochambeau, Dr Régulus
Samuel, et de Vatey Fritz Gérald, étudiant à la Faculté
de Médecine dénonce dans un langage sans équivoque ces
élections qu’ils qualifient d’illégitimes.
« Nous doyens, professeurs et étudiants avons
appris par la presse qu’un conseil exécutif aurait été
élu à la tête de l’UEH le mardi 17 mai 2016. Nous
déplorons vigoureusement le fait que ces « élections »
aient été réalisées dans la clandestinité par des ruses
et des subterfuges en dehors de tout cadre réglementaire
et tout principe d’éthique qui devraient caractériser
l’Université. Nous regrettons amèrement que ces
« élections » réalisées dans l’irrespect des normes
fixées à l’avance vont enfoncer davantage l’UEH dans la
crise et vilipender son image sur le plan national et
international ».
Pa respè pou moun k ap gen pou li jounal la nou pap di
tout dikdal bagay dwayen, pwofesè ak etidyan di nonm
Fritz Deshommes sa a ak lòt matchòpwèl li yo.
Feignant d’être un révolutionnaire quand il est en
terre étrangère, sitôt rentré au pays il s’arrange pour
se placer dans les rangs de cette oligarchie de
contrebandiers qui font tout pour anéantir Haïti. Pour
mémoire et pour l’histoire rappelons que ce Fritz
Deshommes était le responsable des relations publiques
du groupe des 184 apatrides à l’occasion de la
préparation de la déstabilisation d’Haïti.
Selon des informations difficiles à vérifier, Deshommes
aurait une maîtrise en économie, décrochée au Honduras.
Men lòt pwofesè yo
pa vle kwè misye, li tèlman pa serye. Tandis que Guy
Philippe armé par André Apaid, assassinait les militants
du mouvement populaire partout sur son passage, ce Fritz
Deshormes soudoyait les étudiants déclassés pour qu’ils
rejoignent les rangs des contrebandiers de l’oligarchie.
Fritz Deshommes étant à la tête de l’UEH, Apaid doit se
frotter les mains autant il peut bien enjoindre le
nouveau recteur, son correligionnaire GNBiste, à
transformer toutes les facultés en usine de
sous-traitance. Et vive la démocratie !
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