Haiti Liberte: Hebdomadaire Haitien / Haitian weekly news
|
|
|
|
Edition Electronique |
Vol.
8, No. 28 Du Jan 21 au Jan 27. 2015 |
|
|
|
|
|
Kòrdinasyon Desalin:
Conférence de presse |
|
|
|
|
|
|
|
|
Vol. 8 • No. 27 • Du 14 au 20 Janvier 2015 |
|
|
|
|
La catastrophe du 12 Janvier 2010 : 5 ans déjà!
Par Isabelle L. Papillon
Il était 4 heures 43 minutes, un mardi après-midi, quand
un tremblement de terre d’amplitude 7.3 a frappé Haïti
durant 35 secondes. Cette catastrophe, du jamais vu, a
occasionné des pertes en vie humaine et des dégâts
matériels considérables. Selon les statistiques, plus de
300 milles personnes sont mortes, des milliers blessées,
1.3 million ou 1.5 million d’habitants ont été jetés
dans les rues, sans abri ; 100 à 200 mille maisons ont
été détruites ou endommagées dont 42 édifices publics,
1350 institutions scolaires, 50 hôpitaux. L’Ouest et le
Sud ’Est sont les deux départements dans lesquels on a
enregistré beaucoup plus de pertes et de dégâts : 90% à
Léogâne, 40% à Port-au-Prince et ses environs et 50% à
Jacmel. Les dégâts au niveau de la production nationale
représentent 120%. Au total, les dégâts matériels ont
été évalués à plus de 13 milliards de dollars US.
Les autorités étatiques d’alors et les
forces d’occupation étaient dépassées par les
événements ; des cadavres jonchaient le sol et d’autres
pourrissaient sous des décombres, quand des disparitions
restent toujours inestimables. Profitant de
l’inexistence des autorités de l’Etat, les grandes
puissances occidentales ont renforcé leur mise sous
tutelle d’Haïti et des conflits éclatèrent pour le
contrôle de l’aéroport international, lequel a
finalement été contrôlé par les Etats-Unis d’Amérique.
Durant les jours et mois qui ont suivi cette
catastrophe sans pareil, des milliers d’Organisations
Non-Gouvernementales (ONG) ont envahi le pays. Selon le
Premier ministre haïtien d’alors, Jean Max Bellerive,
avant le séisme du 12 janvier 2010, il y avait 4 mille
et ce chiffre est passé à 10 mille après le tremblement
de terre. L’Etat n’avait aucun contrôle réel sur les ONG
durant les phases d’urgence. Elles ont agi comme bon
leur semblait. Des millions de dollars ont été gaspillés
et des gens se sont enrichis au détriment des victimes.
|
1er Janvier 2015: 211 ans de résistance populaire ! |
Vol. 8 • No. 26 • Du 7 au 13 Janvier 2015 |
|
L’accord tripartite du 29 décembre est inconstitutionnel
|
Vol. 8 • No. 26 • Du 7 au 13 Janvier 2015 |
|
|
|
Constatant cet état de fait, les
bailleurs de fonds internationaux et les
autorités haïtiennes se sont mis
d’accord sur la formation d’un organisme
chargé de gérer les aides
internationales dans la perspective de
la reconstruction du pays. Cet organisme
inclus dans une loi d’urgence portait le
nom de la Commission Intérimaire de la
Reconstruction d’Haïti (CIRH), codirigé
par l’ex-président de la puissance
impérialiste occidentale des Etats-Unis,
Bill Clinton et le Premier ministre,
Jean Max Bellerive. Malgré que le peuple
haïtien avait élevé la voix contre cette
loi scélérate donnant naissance à cet
organisme et à la présence d’un étranger
qu’on y avait placé au plus haut niveau,
rien n’y fit.
Les questions qu’on se pose
5 ans après le séisme sont les
suivantes : quel est l’état de la
situation des victimes ? Où sont passés
les fonds destinés à la reconstruction
du pays ? En dépit de la formation d’un
organisme de centralisation de ces
fonds, Haïti a-t-elle raté l’opportunité
de refonder la Nation ?
|
|
|
Cinq ans après le séisme du 12 janvier
2010, plus de 200 mille victimes vivent toujours sous des
tentes dans plusieurs camps à Port-au-Prince, Léogane et à Jacmel, dans des conditions
infrahumaines, sans eau, sans
électricité, sans emploi, sous constante
menace d’expulsion forcée. Les prétendus
propriétaires des espaces libres lors du
séisme, utilisent les appareils
répressifs d’Etat, à savoir la justice,
la police, les agents exécutifs et des
hommes armés pour chasser les déplacés
internes. Des centaines de milliers de
victimes sont éparpillés dans des
bidonvilles au Nord de la capitale. Ces
bidonvilles portent les noms de :
Canaan, Corail, ONA-Ville, Jérusalem
entre autres. Dans ces camps les
déplacés internes sont en proie à
nouveau à l’insécurité, au viol, au vol.
Dix mois plus tard, les
soldats des forces d’occupation de l’ONU
ont introduit une épidémie de Choléra
dans le pays, faisant déjà des milliers
de morts ajoutés aux victimes du séisme.
Quant à la reconstruction du pays, suite à la disparition de
la CIRH avec l’arrivée au pouvoir tètkale de Michel Joseph
Martelly au cours de l’année 2011, un autre organisme de
centralisation d’aide internationale a vu le jour, le CAED
dont on n’entend plus parler. Entre-temps, l’Unité de
Construction de Logements et de Bâtiments publics (UCLBP) a
été mise en place. L’Arrêté présidentiel a déclaré qu’une
bonne partie du centre commercial au bas de la ville a été
révisée par l’équipe tètkale. La politique des tôles rouges
dénoncée par la population, a été observée par des citoyens
avisés. Cette politique consiste à barrer de tôles rouges
les principaux sites à reconstruire, les places publiques du
Champ-de-Mars pour bluffer l’opinion publique, tout en
faisant croire que la reconstruction de ces sites va
démarrer. Franchement, 5 ans après, on a constaté un début
de reconstruction à l’endroit où se trouvaient les locaux de
la Direction Générale des Impôts (DGI) à la rue Jean Paul
II, où devra loger le ministère de l’Intérieur et ses
directions déconcentrées ; à l’endroit où se trouvait le
ministère du Commerce et de l’Industrie au Champ-de-Mars et
la réparation de l’ancien local de la Banque de Paris, au
bas de la Lalue, du Ciné Triomphe à la rue Capois. Les
travaux des autres locaux tardent toujours à démarrer. C’est
le cas de différentes places publiques, notamment celle du
Carrefour de l’Aéroport et de Delmas. Des montants engagés
dans la reconstruction ont été détournés par le pouvoir
tètkale et les dirigeants de la CIRH. On peut citer à titre
d’exemple les 150 millions de dollars destinés à la
reconstruction du quartier populeux de Fort-National et
d’autres fonds investis dans des hôtels 5 étoiles dans les
hauteurs de Pétion-ville.
Outre les grands mangeurs des ONG, la République
Dominicaine est le grand bénéficiaire des fonds de la
reconstruction. Ce dimanche 12 janvier 2014, à l’occasion du
cinquième anniversaire de la commémoration du tremblement de
terre, les conditions sociales des millions de victimes ne
sont pas améliorées. Des centaines de personnes ont gagné
les rues pour protester contre cet état de fait. Les
autorités se sont rendues à Saint-Christophe, au Nord de la
capitale où des milliers de cadavres ont été inhumés dans
des fosses communes dans l’indignité la plus totale, pour
rendre hommage aux victimes ; alors que les survivants
gémissent toujours dans la misère, le chômage, l’insécurité,
le viol. Des activités religieuses ont été également
organisées dans des différentes églises et au Champ-de-Mars
à la mémoire des victimes. Tandis que, à la veille de la
quatrième commémoration, les déplacés internes continuent
d’être victimes d’actes de violence des bandits sans foi ni
loi.
Le samedi 11
janvier, quatre (4) personnes, dont 3 fillettes, sont
décédées, suite à un incendie qui a ravagé, vers 11:30 AM,
un camp de personnes déplacées, dénommé : « Kan pèp
pwogresis dèyè lòj », situé dans la municipalité de Delmas,
à proximité de la route de l'aéroport international, à
l’entrée de l’ancienne aviation, route des pistes au
nord-est de Port-au-Prince.
Parmi les
victimes du sinistre, figure Sabine Léon, une fillette de 3
ans. Les deux autres fillettes mortes, dont les noms ne sont
pas encore révélés, étaient âgées de 3 et de 4 ans. Louinord
Mizaire, âgé de 38 ans, a succombé à l'hôpital des suites de
brûlures graves. Le défunt laisse 3 enfants orphelins, après
cet incendie, qui s'est produit à la veille de la 4e
commémoration du terrible séisme du 12 janvier 2010.Trente
autres personnes grièvement brûlées, dont 4 enfants, ont été
transportés l’hôpital.
Toutes les
tentes et les effets personnels, des 250 familles vivant
dans ce camp depuis le tremblement de terre du 12 janvier
2010, ont été emportés par les flammes. Lorsque les pompiers
sont arrivés, il n'y avait plus rien à sauver. L'origine de
l'incendie est inconnue. Mais les observateurs n'écartent
pas l'éventualité d'un acte criminel
D’un autre côté, le Collectif des Organisations pour la
Défense du Droit au Logement a organisé, ce dimanche 12
janvier à Port-au-Prince, une marche pacifique, pour
commémorer les 4 années du séisme du 12 janvier 2010. Cette
marche a démarré au Champ de Mars, principale place publique
de la capitale et a abouti à un mémorial situé au cimetière
de Port-au-Prince, où une gerbe de fleurs a été déposée en
mémoire des victimes de la catastrophe.
Les revendications en faveur de logements décents pour des
dizaines de milliers de personnes déplacées ont dominé la
manifestation ainsi que des questionnements sur
l’utilisation des fonds dédiés à la reconstruction. Donc, 5
ans après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, la
situation des victimes n’a pas changé. Elles ne font que
changer d’un lieu à un autre vivant toujours dans des
conditions infrahumaines. La reconstruction annoncée par les
dirigeants du pays et la dite communauté internationale
tarde toujours à devenir une réalité. Des centaines d’ONG et
les grands mangeurs de l’Etat continuent d’en tirer profit
au grand dam des victimes. Seule la mobilisation des
victimes et du peuple haïtien en général est capable de
changer les conditions de vie de la population. |
Vol. 8 • No. 27 • Du 14 au 20 Janvier 2015 |
|
|
|
|
|
|